Mortal Engine

Mortal Engine
2018
Christian Rivers

Saga littéraire de Philip Reeve comptant quatre tomes sortis entre 2001 et 2010, elle débarque désormais au cinéma entre les mains d’un collaborateur de longue date du grand Peter Jackson, officiant comme producteur de cet ambitieux projet qui nous plonge dans un futur post-apocalyptique impressionnant. Si le budget de 100 M$ n’a rien de très imposant dans le monde des blockbusters, le tournage en Nouvelle-Zélande, l’équipe chargée du film et la richesse de l’œuvre originale étaient source de beaucoup d’espoir et d’attentes. Seulement entre des critiques mitigées et des premiers scores au box office décevant, l’avenir de la franchise semble déjà scellé.

Dans le futur dépeint dans le film, notre escalade technologique actuelle nous mènera au début du XXII° siècle vers ce qui restera dans l’histoire comme la guerre des 60 minutes où une nouvelle génération d’armement par onde électromagnétique a ravagé la quasi totalité du globe en seulement une heure. L’histoire se déroule plus d’un millénaire plus tard alors que la civilisation est désormais réduite à quelques millions de personnes, obligées de se déplacer de ressources en ressources tant elles se font rares, bâtissant pour se faire des cités mobiles. Alors que Thaddeus Valentine (Hugo Weaving) tente de se servir des vestiges des anciennes armes qui ont détruit le monde, une révolutionnaire du nom d’Hester Shaw (Hera Hilmar) va tout faire pour l’empêcher d’agir. Embarqué malgré lui dans ce conflit, l’historien de la cité mobile de Londres, Tom Natsworthy (Robert Sheehan) va faire équipe avec Hester pour que les erreurs du passé ne se reproduisent pas.

Le concept du film est à la fois une bonne et une mauvaise idée. D’un point de vu artistique, les cités sur roues sont spectaculaires et offrent des visuels saisissant, d’autant plus face aux somptueux décors néo-zélandais. La scène d’introduction, teasé plus d’un an avant la sortie du film, montrant la gigantesque cité de Londres attaquer une modeste construction indépendante, est à couper le souffle et rappelle sans mal la puissance d’un Mad Max Fury Road en plus grandiose. Et offrir un grand divertissement qui marque les esprits de par ses visuels, c’est important. Néanmoins, la suspension d’incrédulité passe mal. Même en admettant qu’il faille se déplacer de ressources en ressources, n’est-il pas aberrant de transporter l’intégralité de la cité au lieu de tout y acheminer ? De même, la technologie y semble archaïque tout en possédant des innovations bien au delà de ce qu’on est actuellement capable de faire. L’univers est beau, mais scientifiquement pas viable. Pour ce qui est du scénario en lui-même, on reste sur du classique avec une superpuissance supervisée par un méchant contre qui s’opposent des révolutionnaires idéalistes hauts en couleurs. Si pour les principaux protagonistes l’écriture ne pose pas de problèmes, la richesse de l’univers et la multitude de personnages dans un film aussi court (à peine deux heures) empêche un développement consistant, enlevant tout enjeu au sacrifice de certains. L’histoire du père adoptif de l’héroïne en devient même gênant tant il aurait fallut y consacrer bien plus de temps pour créer ne serait-ce qu’un début d’affecte, et au final il n’y a aucun réel impact sur la grande histoire, donnant des airs d’interférence pénible à cette sous-intrigue. L’univers regorge de trouvailles visuelles et le film marche assez bien, assurant un spectacle d’envergure, mais le film ne prend pas suffisamment le temps de se poser, de se développer et semble vouloir aller trop vite. À moins d’un miracle les suites ne verront pas le jour et les cinéphiles ne sauront pas s’il y avait plus à creuser, mais ça m’a pour ma part donné envie de me tourner vers les romans.



À découvrir au format vidéo dans une analyse complémentaire :
https://youtu.be/US8UJbVfST0

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