Changement de site

Bonjour,

Comme vous avez pu le constater, le site est resté pendant plus de dix jours bloqué.

Jusqu’à présent, je publiais mes critiques sur ce site, qui est en fait une page perso comme cela est appelé chez free, l’hébergeur du site. Le service a démontré durant près de dix son manque de fiabilité avec de nombreuses maintenances rendant le site inaccessible, et cette fois l’incompétence a faillit me faire perdre une décennie de critiques, des milliers d’heures de travail. J’ai donc prit un nom de domaine et un vrai serveur et publierais désormais mes critiques, analyses de films, séries, livres et jeux sur un tout nouveau site :

https://www.antoinelepage.fr/

J’y ai réuploadé l’intégralité de mes articles, vous aurez donc toujours accès à cette formidable base de données personnelles retraçant toute la culture que j’ai emmagasiné depuis que j’ai décidé de partager mes passions en décembre 2010. Les critiques y ont d’ailleurs déjà repris de plus belle, alors allons de l’avant.

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Le Mans 66


Le Mans 66
2019
James Mangold

Au même titre que je trouve insupportable les jeux de courses sur de pauvres circuits rébarbatifs où les lignes droites sont rares (coucou les Gran Turismo), je m’explique encore moins la ferveur de ceux qui regardent ce genre de courses interminables et démarrant parfois aux aurores, voir avant. Néanmoins, il faut bien avouer que Rush fut une sacrée claque, ne serait-ce sur le plan divertissement et sensation de vitesse lors des impressionnantes courses. Si les recettes à l’étranger sont équivalentes, le film a eu un succès monstrueux aux Etats-Unis où il a fait plus de cinq fois les entrées de la précédente référence en matière de course automobile. Un tel buzz que le film a été nommé aux Oscars pour la statuette ultime, repartant tout de même avec quelques prix techniques sur son montage.

Au milieu des année 60, l’industrie automobile connaissait un bouleversement majeur : le géant Ferrari faisait faillite, racheté par Fiat, et Ford ne cessait de s’effondrer. C’est alors qu’un des employés (Jon Bernthal) de Ford va avoir une idée pour redorer le blason de son entreprise : la faire concourir à la plus prestigieuse course automobile, les 24h du Mans. Pour construire une voiture capable de rivaliser avec la concurrence, ils vont faire appel à un certain Carroll Shelby (Matt Damon), qui avait déjà remporté les 24h du Mans quelques années plus tôt. Il se fera aidé par son ami et pilote chevronné Ken Miles (Christian Bale).

Ce genre de film est compliqué à bien des égares : il faut pouvoir faire plaisir aux fans tout en restant accessible aux néophytes. Eh bien non seulement le film y arrive, mais en plus il raconte une histoire oubliée même des fans. Entre une belle histoire d’amitié, de self-made-men, de passion et de course, le film est une franche réussite sur bien des tableaux. Les courses sont incroyables, la sensation de vitesse est indéniable, on sent vraiment le côté « os-de-verre » des voitures et le danger palpable crée une vraie tension. Néanmoins tout n’est pas parfait. La romance entre Ken et sa Barbie (Caitriona Balfe) n’est pas assez exploitée, la morale est contre-productive, et la fin est quasi mauvaise tant la réalité est décevante sur bien des points. Le film aurait pu nous épargner et couper son dernier quart d’heure, mais soit. Malgré un budget deux fois supérieur, le film est donc à peine plus spectaculaire que Rush, mais à côté de ça son scénario est moins satisfaisant. Reste un film de course grisant, mais attention à ne pas trop lui en demander.

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Once Upon a Time… in Hollywood

Once Upon a Time… in Hollywood
2019
Quentin Tarantino

Pénultième film réalisé par le grand Tarantino d’après ses propres dires, souhaitant s’arrêter à dix, le film a comme d’habitude déchaîné les passions et est à ce jour le deuxième plus gros succès de sa carrière. Avec une pléthore de nominations pour les Oscars et de probables prix pour son casting ahurissant, le film sera t-il pour autant à marquer d’une pierre blanche ? Toujours aussi acclamé par la presse, le film est néanmoins celui qui eu l’un des accueils les plus tièdes de la carrière de son réalisateur, et c’est aisément compréhensible.

Prenant place en 1969, le film nous plonge en plein Hollywood à la fin de l’âge d’or du cinéma hollywoodien. On y suivra principalement Rick Dalton (Leonardo DiCaprio) et son cascadeur Cliff Booth (Brad Pitt), affrontant l’inexorable déclin de leurs carrière.

Nous raconter l’envers du décor d’une des époques les plus passionnantes était gageure, le résultat n’est cependant pas à la hauteur, loin s’en faut. Premièrement, l’idée d’axer tout le récit autour de personnages fictifs est dommage quand tant de personnages réels traversent l’histoire, mais l’histoire est en fait une arnaque. Seule le contexte est conservé, on suit des personnages inventés et le déroulement historique n’est pas respecté. Bien évidemment, c’est aussi le sujet du film : c’était mieux avant, et on aurait aimé que rien ne change. Comme quoi, certains hippies sont pires que certains nazis, et même globalement les soldats allemands étaient plus respectables et seins d’esprit. Bon après tout pourquoi pas, Inglourious Basterds réinventait l’histoire lui aussi, et c’est probablement le meilleur film de son réalisateur. Non, le vrai problème c’est que le film dure 2h40 et ne développe réellement que deux personnages. Sharon Tate (Margot Robbie) est anecdotique, et en dehors du duo principal, les autres (Emile Hirsch, Margaret Qualley, Timothy Olyphant, Dakota Fanning, Bruce Dern, Al Pacino, Kurt Russell ou encore Maya Hawke) ne font que de la figuration. C’est d’ailleurs drôle de voir l’un des acteurs nommé pour l’Oscar du meilleur acteur et l’autre pour le second rôle alors que leurs présences à l’écran sont justement inversées : le « second rôle » doit avoir au moins tiers de plus de temps à l’écran. Quand un film aussi long met autant de personnages en avant mais n’en développe que deux, il en résulte un sentiment de déséquilibre énorme, de traitement peu convaincant, de soucis de rythme et de narration. Beaucoup de périodes de flottement, et le début est pénible à suivre avec les innombrables digressions narratives, juste histoire de ne pas suivre le déroulé de manière linéaire. Un effet de style inutile et lourd, d’autant qu’il sera oublié en cours de route et utilisé que dans le premier tiers. Un montage étrange, maladroit, n’arrivant pas à imposer un rythme, s’attardant longuement sur des personnages sans pour autant les développer et les laissant carrément tomber en cours de route sans raison. Sans aller jusqu’à dire que le film est raté, son scénario manque clairement d’enjeux et le film est beaucoup trop long pour ce qu’il a à raconter. Pas le pire film de Tarantino, mais vraiment pas loin.

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Jojo Rabbit

Jojo Rabbit
2020
Taika Waititi

Qu’il est difficile de toucher à la Seconde Guerre Mondiale, et ce pour une pléthore de raisons. Il y a déjà le soucis de la réalité historique, avec souvent des raccourcis exaspérants, d’autant plus dans le cas d’une parodie satyrique au ton comique. Il y a aussi et surtout le soucis de l’originalité tant le sujet a été poncé jusqu’à la moelle, sans compter le statut de challenger aux Oscars, ce qui indique une certaine forme de formatage qui empêche de briller outre mesure. Mais il faut parfois passer outre ses à priori et laisser sa chance au film.

L’histoire se déroule vers la toute fin de la Seconde Guerre Mondiale, dans une Allemagne qui tente de faire bonne figure alors que la défaite se lit sur les visages de chacun. Petit garçon de 10 ans faisant ses classes dans les jeunesses hitlériennes (entraîné par Sam Rockwell, Alfie Allen et Rebel Wilson), Johansen dit Jojo (Roman Griffin Davis) est ce qu’on appelle une recrue des plus enthousiastes. Espérant rejoindre au plus tôt l’armée nazi, il a pleinement embrassé la cause du führer et est un militant acharné, ayant même un ami imaginaire peu banal : son héros et model de vie, Afdolf Hitler (Taika Waititi). Seulement un beau jour son monde va s’effondrer quand il va apprendre que la vermine a infesté son foyer. Sa mère (Scarlett Johansson) cache dans les murs de sa maison le pire monstre possible : une juive (Thomasin McKenzie).

Oublions d’emblée ce sur quoi le film s’est vendu : l’ami imaginaire Hilter. Si cela offre quelques moments amusants et permet de matérialiser le questionnement intérieur du jeune héros, cela n’apporte au fond pas grand chose et n’a aucune importance dans l’histoire. L’aspect endoctrinement n’est pas non plus très original, mais le ton décalé permet d’éviter de tomber dans les écuelles classiques du mal incarné. L’aspect comique est globalement peu mémorable en dehors de quelques passages, et dans son ensemble la première moitié du film patauge dans son pseudo concept un peu bancal. Pire, on parle de difficultés liées à la guerre, mais on n’en ressent pas du tout l’impact. Puis progressivement le miracle opère : l’évolution psychologique du jeune héros est très bien gérée et sa relation avec l’adolescente juive est touchante. Les affres de la guerre rattrapent l’histoire, le basculement dramatique est incroyable et tout le dernier tiers est magistral. Les décors et les effets spéciaux sont au top, l’émotion tellement maîtrisée et surtout un point fait plaisir : enfin des nazis héroïques, inspirants et nobles. Exit les généralités habituelles, on ne verra d’ailleurs aucun monstre des clichés usuels, et le personnage de Sam Rockwell nous laissera sans voix (même pas nommé aux Oscars, quel scandale !). Il y a tellement de justesse dans l’interprétation, dans les émotions, qu’on fini par pardonner la première moitié presque ratée. Dommage que le film mettent tant de temps à décoller, mais ne boudons pas notre plaisir.

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Yesterday

Yesterday
2019
Danny Boyle

Après le feel-good movie Music of my life qui était une publicité géante pour Bruce Springsteen avec un pakistanais en tête d’affiche, place maintenant à une publicité pour les Beatles avec un indien. Deux films se faisant terriblement écho, d’où une crainte de redondance des thématiques, mais avec un héros plus âgé et quelques divergences d’inspirations ainsi qu’une approche différente, il y avait l’espoir d’y voir quelque chose de plus puissant, surtout avec Danny Boyle à la barre.

Chanteur raté qui n’a jamais réussi à décoller malgré tous les efforts de son amie et manager Ellie (Lily James), Jack Malik va se réveiller un beau jour dans une chambre d’hôpital suite à accident de vélo. En plus de deux dents en moins, en parlant avec les gens il va se rendre compte qu’autre chose a disparu : Les Beatles. Les gens ne les connaissent pas et aucune trace d’eux sur internet, comme s’il avait basculé dans une réalité alternative. Il va alors tenter le tout pour le tout et s’approprier leurs musiques de légende.

Tout d’abord deux choses ne vont pas avec le pitch de base. Si ce cas de figure se présentait pour moi, je serais foutrement incapable de me rappeler dans son intégralité d’une chanson, quel que soit l’artiste. Et puis franchement, les Beatles ? Aujourd’hui ? Alors oui, il n’y a pas d’âge pour apprécier de la bonne musique, mais globalement les goûts actuels sont minables, valorisant des textes salaces, pour ne pas dire atrocement vulgaires, où le talent de chanteur s’est fait la malle, remplacé par du vocodeur qui fait mal. Donc c’est bien beau de se dire que ces titres sont mythiques et ne peuvent que casser la baraque quelle que soit l’époque, mais dans la pratique, surtout quand on a jamais réussi à décoller, c’est perdu d’avance. C’est beau de naïveté… Et c’est globalement le problème qu’on pourra reprocher au film, en plus d’une écriture passablement prévisible et clichée (le coup de la manager cupide interprétée par Kate McKinnon reste néanmoins drôle) : tout est bien trop facile et bienveillant. Au moins le scénario se rattrape avec quelques surprises par rapport à cet univers parallèle, puisque la non existence des Beatles n’est pas le seul changement, mais au final le film ne s’en sert pour ainsi dire pas du tout. Il y avait un potentiel monstrueux à exploiter, et c’est si dommage. Reste donc une histoire conceptuelle sympathique, mais effleurant à peine son sujet.

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Marriage Story

Marriage Story
2019
Noah Baumbach

Cette année ce n’est pas un, mais deux films de Netflix qui se retrouvent en course pour l’Oscar suprême, avec entre autre des nominations pour l’ensemble du casting. Une grande réussite pour le service de streaming qui redéfini constamment les codes du genre et ce qu’est le cinéma. Chaudement accueilli par tous et recommandé par beaucoup, son statut de challenger à la statuette ultime était des plus intimidants tant la majorité de la sélection me laisse froid cette année.

Il était une fois un metteur en scène de New-York, Charlie (Adam Driver), et une actrice de Los Angeles, Nicole (Scarlett Johansson), tombant follement amoureux, donnant naissance à un petit garçon et vivant en osmose de leur passion de la scène. Dix ans de bonheur, mais un beau jour Nicole va se réveiller, déçue de sa vie et voulant en changer. Ils voulaient se quitter en bons termes, voir ne pas se quitter et se rabibocher pour Charlie, mais il va peu à peu se rendre compte que sa potentielle futur ex femme est la pire salope du monde, élaborant les pires manigances pour le détruire.

Ou comment détruire une image de sexe symbole. On y découvre une Scarlett Johansson presque moche, menteuse, lâche et sournoise, accusant son mari de tous ses maux sans jamais vouloir en parler, préférant tout faire dans l’ombre, poignardant dans le dos. La pire des salopes autrement dit. On assiste alors à mise à mort par traîtrise par le biais d’une avocate peu scrupuleuse (Laura Dern), obligeant le pauvre à riposter avec son propre avocat (Ray Liotta). Le principe est intéressant, nous montrant jusqu’où la fausseté peut aller. La mise en scène est savamment réfléchie, resserrant le cadre pour un format plus haut que le 16/10, quelque chose entre le 1:66 et le 1:37, ce qui permet de mieux focaliser l’action sur les personnages. Avec en prime des acteurs excellents n’hésitant pas à sortir de leur zone de confort, pour ce que le film a à dire, c’est assurément une grande réussite. Reste un soucis principal : la femme est fautive de bout en bout, et l’histoire n’est pas en soi d’une grande originalité. Un drame humain poignant, formidablement porté par ses acteurs, mais ça n’est pas le genre d’histoire qui passionnera outre mesure.

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John Wick Parabellum

John Wick Parabellum
2019
Chad Stahelski

Rarement on aura vu une franchise exploser à ce point. Alors que le premier John Wick fut plus un succès d’estime que financier avec 88 M$ dans le monde, chacune des suites fit presque le double, arrivant à plus de 300 M$ pour ce troisième volet, à tel point qu’un quatrième opus fut annoncé avec en prime une série spin-off sur les ballerines. Jusqu’où prendra fin cette folie ?

L’histoire prend place instantanément après la fin de John Wick 2, alors que John Wick (Keanu Reeves) vient de se faire excommunier. Le monde entier est désormais à sa poursuite, et il devra tout faire pour survivre. Sa seule chance est de se racheter auprès de La Table, l’organisation à la base de tout.

De base la franchise a des bases assez solides : un héros très charismatique et une organisation mystérieuse qui semble infiltrée de partout et gouverner le monde en secret. Cet opus était donc gageure en proposant que ce qui contrôle l’équivalent de toutes les mafias de la planète se mette en chasse de John. Le film démarre donc au quart de tour et enchaîne les grosses séquences, mais malheureusement se sera tout : une succession de bastons sans une ombre de scénario. C’est bien simple, à la fin rien n’a changé, le film ne sert à rien, si ce n’est introduire Sofia (Halle Berry), le pendant féminin de John, qui aura un rôle majeur dans la suite à n’en point douter. On aura plaisir à retrouver Ian McShane et Laurence Fishburne, de même que certaines scènes comme l’attaque des chevaux et le dressage incroyable des chiens feront preuve d’une grande maîtrise, mais globalement le film est totalement oubliable et inutile. Déjà avec le second volet cela se sentait, mais clairement la saga tourne d’emblée en rond. Espérons qu’à force un scénariste soit embauché, sans quoi le bilan finira rapidement par devenir mauvais.

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Ad Astra

Ad Astra
2019
James Gray

Rarement un film n’aura autant divisé : acclamé par la presse, snobé par les spectateurs. Un écart monstrueux entre les premiers criants au chef d’œuvre et les seconds très mitigés, la faute à une campagne marketing ne reflétant pas le style véritable du film. Vendre un film contemplatif comme du grand spectacle n’était pas forcément très intelligent, mais il n’est pas évident de rentabiliser un film de science-fiction pur au budget premier de 80 M$, qui d’après les analystes se situerait aux alentours de 150 M$ après les reshoots et le marketing de Disney, ayant racheté le studio d’origine. Et effectivement, le désastre fut total : à peine 127 M$ de recettes dans le monde, soit environs 55 M$ nets, donc une perte sèche frôlant les 100 millions. Et face au désamour du public, les Oscars ont snobé le film, pourtant autrement plus ambitieux et aboutis que la totalité des nominés réunis.

L’histoire se situe dans un futur « proche » alors que la Terre a été frappée par une surcharge électro-magnétique de grande ampleur. Information classée top secret, la source pourrait être la base expérimentale « LIMA » en orbite autour de Neptune, officiellement sans signe de vie depuis plus de 20 ans. Mais tout porte à croire que l’explorateur légendaire Clifford McBride (Tommy Lee Jones) serait encore en vie et responsable de la surcharge, et d’autres sont à prévoir. Plus à même de prendre contact avec lui et devenu à son tour astronaute émérite, son fils Roy (Brad Pitt) sera chargé de se rendre sur la base martienne, seul endroit capable d’émettre jusqu’à la base de recherche LIMA.

En un mot comme ne cent : claque. Ce film est une claque. Dès la première scène le ton est donné avec une construction incroyable, le calme quasi robotique du héros et une sensation de réel hallucinante. Pour se donner un ordre d’idée, on est sur le niveau de réalisme d’un Gravity ou d’un Interstellar. La comparaison ne s’arrête pas là puisque le film est raconté d’un point de vue humain, montrant l’immensité vide de l’espace, le danger de conditions extrêmes, et ce confinement, cet isolement à vous rendre fou. L’accomplissement du film est juste dingue tant le résultat à l’écran est prodigieux, se hissant parmi les plus dignes représentants du genre. À ceci près que les installations sur les planètes semblent trop spacieuses et les longs couloirs d’improbables gâchis de ressources, sans compter une gravité artificielle un peu trop arrangeante dès qu’on passe en intérieur (sur les planètes, pas dans l’espace), le reste semble avoir été très bien étudié. On pourrait aussi chipoter sur les échelles de temps et la pousse des poils et cheveux, mais globalement on sent que tout a mûrement été réfléchi. Le film regorge de trouvailles comme la base lunaire, la salle de transmission ou les costumes en général, et on pourra souligner l’excellente idée de l’IA dans la navette vers la lune qui a la même voix que dans Mass Effect, un clin d’œil magnifique pour les amoureux d’aventure spatiale. Si l’histoire est avant tout le rite initiatique d’un fils marchant sur les traces de son père à la découverte de soi, on croisera quelques personnages à l’importance modérée, incluant sa femme (Liv Tylor) et un ami de son père (Donald Sutherland). Le film arrive donc à aborder des thèmes très humains dans un grand univers froid, amenant énormément de propositions passionnantes, tant sur le plan scientifique que philosophique. Qui dit film contemplatif dit rythme assez lent, mais contrairement à un 2001 l’odyssée de l’espace, il se passe beaucoup de choses où tout est utile, permettant de jamais décrocher un seul instant. L’exercice est donc un tour de force du genre, et pour peu qu’on ait le regard tourné vers les étoiles, le film nous offre un voyage incroyable.

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Parasite

Parasite
2019
Bong Joon-ho

Après La Favorite on va finir par croire que je le fais exprès… Les deux sont sorti la même année en France, mais si le premier était un des grands favoris des Oscars de l’an dernier, celui concoure pour ceux qui se dérouleront dans quelques jours. Et dans les deux cas, je suis en profond désaccord avec l’engouement critique suscité, surtout à cause de l’histoire.

Le film partait pourtant d’une idée très bonne, au grand potentiel : l’ascension au truandage. Dans une famille coréenne extrêmement pauvre, le fils va recevoir la visite d’un ami qui a réussi, travaillant jusqu’alors comme professeur d’anglais pour la fille d’une famille très aisée. Devant partir à l’étranger, il va alors proposer à son ami de récupérer son poste, une aubaine tant la famille peine à se nourrir. Une bonne nouvelle n’arrivant jamais seule, en prenant son poste il va apprendre que la riche famille cherche aussi un professeur d’art plastique pour leur petit garçon, et sa sœur est justement une faussaire hors pair, la faisant alors passer pour une connaissance. Ne reste alors plus qu’à placer le père et la mère, sans bien sûr dévoiler les liens familiaux.

Avant de voir le film, je ne savais pas du tout de quoi il en retournait, mise à part le fait qu’on allait y voir une opposition pas très fine entre des très très riches et des très très pauvres. Le début sera plutôt une bonne surprise, puisque si la porte d’entrée pour la première embauche dans la famille est un coup du sort, la suite ne sera que roublardise et génie stratégique. Même si en dehors de la sœur, qui est très convaincante, le casting est plutôt mauvais et le rythme mou, on passe un bon moment dans la première partie, mais la suite va se gâter. Si l’idée de l’homme au gâteau avait du potentiel, dès un certain retour le film part totalement en vrille. L’histoire devient un grand n’importe quoi complètement débile, au point que lors de la fête on se demande si tout ceci n’est pas une énorme hallucination tant la vraisemblance et le bon goût foutent totalement le camp. Mais non, et on s’en prendra une couche supplémentaire affolante de bêtise. Le scénario partait sur une bonne base, mais son développement est juste stupide, affligeant. Il n’y a rien à reprocher au réalisateur, mais l’intérêt n’y est pas, et le léchage de boule général m’exaspère au plus haut point.

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Music of my life

Music of my life
2019
Gurinder Chadha

Un parcours initiatique, s’éveiller à la vie, affronter les moments difficiles, regarder ses rêves en face : voilà des thèmes universels et qui parlent à tout le monde. Quand la jeunesse est en perte de repères, qu’importe dans quoi elle se réfugie (sauf la drogue), si elle y trouve son compte alors elle a raison.

Tiré d’une histoire vraie, le film nous raconte la fin de l’enfance de Javed, jeune pakistanais de 16 ans qui vivait en 1987 dans une petite ville miséreuse d’Angleterre. Son unique ambition dans la vie était de faire des études pour ne pas finir à l’usine comme son père, mais deux rencontres vont bouleverser sa vie : sa professeur de littérature (Hayley Atwell), qui va l’encourager à écrire, et son ami Roops, qui lui fera découvrir Bruce Springsteen, dont les paroles vont raisonner en lui.

Voilà tout ce qu’on aime comme histoire feel-good : un jeune vivant dans la misère, handicapé de par ses origines, mais qui arrivera tout de même à atteindre ses rêves. Le côté petit film indépendant et la découverte d’une autre culture pas si différente renforcent cette identification, d’autant que les personnages sont sympathiques et hauts en couleur (je n’ai d’ailleurs – encore une fois – pas reconnu Dean-Charles Chapman, campant l’ami musicien). Un bon petit film efficace et dont on ressort bien, mais difficile de passer outre le côté « publicité géante » pour Bruce Springsteen, et surtout les gros clichés familiaux classiques. Globalement le scénario est cousu de fils blancs, tout se voit venir à des kilomètres et cela gâche l’immersion. Il ne faut donc pas s’attendre à une pépite du genre, mais la bonne humeur est de mise.

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