Jurassic World : Fallen Kingdom

Jurassic World : Fallen Kingdom
2018
Juan Antonio Bayona

Classé troisième plus gros succès de tous les temps lors de sa sortie (plus proche de la vingtième place en tenant compte de l’inflation), Jurassic World était vu dès l’origine comme une trilogie, mais son immense succès n’a en rien précipité les choses puisque cette suite a joui de conditions exceptionnelles, à savoir une année entière de pré-production, quatre mois de tournage et une année pleine pour peaufiner les effets-spéciaux derrière. Et là encore pour le troisième opus trois ans le sépare de son prédécesseur, montrant que le projet n’est pas là pour surfer sur la vague mais est l’aboutissement d’un projet sérieux et réfléchit. Il est vrai qu’en plus d’offrir un immense spectacle, Jurassic World était bien plus qu’une simple suite ou remake, nous donnant plusieurs axes de lectures des plus intéressants. Ainsi, par le biais de personnages très travaillés, on voyait différents points de vus s’affronter : celui du producteur qui veut faire toujours plus grand, plus captivant et attirer le plus de clients possibles, faisant par là-même une critique d’Hollywood en général ; celui de passionnés qui sont là par amour ; celui des fans de Jurassic Park qui se délectent de voir ce nouveau parc bâtit sur les cendres de l’original ; ou bien encore celui de ceux lassés de tout et qui en oublient de rêver, à qui il fallait remontrer en quoi ramener des dinosaures est à ce point magique. Des bases solides qui ne demandaient qu’à s’émanciper pour proposer quelque chose de plus original, plus poussé, ce que cette suite va tenter de faire avec succès.

Fer de lance de la campagne promo qui ne sera finalement présent que sur une petite scène coupée en deux pour moins de deux minutes de présence à l’écran, le légendaire Ian Malcolm (Jeff Goldblum) est de retour pour mettre une nouvelle fois le monde en garde face à la question du sauvetage des animaux laissés sur une île dont le volcan menace d’entrer en éruption : les dinosaures sont éteint depuis des millions années, ils n’ont plus aucun droit et malgré toutes les précautions prises, à chaque fois l’histoire se termine en carnage. Pour autant, Claire Dearing (Bryce Dallas Howard), l’ancienne responsable du parc, se refuse de laisser ce témoignage vivant du passé partir en fumée dans l’indifférence générale, et va ainsi foncer sur la proposition d’un soit-disant bienfaiteur (James Cromwell) malheureusement mal entouré (Rafe Spall et Toby Jones) censé les déplacer sur une île protégée. Pour notamment ramener sain et sauf Blue, le dernier spécimen de vélociraptor, l’équipe en charge de l’extraction des dinos va faire appel à Owen (Chris Pratt), son dresseur d’origine qui l’a vu grandir. Une mission à haut risque vu que le volcan est sur le point d’entrer en activité, mais ça n’est peut-être pas la plus grande menace qui les attend.

Après un premier volet qui reprenait l’idée du parc initial, on pouvait présomptueusement penser que cette suite allait marcher dans les pas du Monde perdu, qui consistait là aussi à aller récupérer les dinosaures sur leur île, mais le déplacement n’est pas lié ici à la création d’un nouveau parc mais à autre chose. Cet autre chose n’est pas spécialement intéressant mais cela pousse le débat vers de nouveaux horizons sur la manipulation génétique, le bien être animal et la limite de la morale en général. Là où Le Monde perdu se passait majoritairement de nuit pour marquer le côté stressant et horrifique, le sauvetage a lieu cette fois en plein jour pour nous montrer comment la nature a reprit ses droits en seulement trois ans. Les décors sont magnifiques, la mise en scène au top et l’utilisation plus poussée des animatroniques donne plus de vie de par les interactions plus nombreuses et réalistes. Le petit speach de Ian nous donne des frissons de par son charisme ahurissant, le retour des héros de Jurassic World est pleinement justifié et la première moitié en jette un max. Pour bien des gens, c’est la suite qui a posé le plus de problèmes, alors que pour ma part c’est justement là que l’intérêt du film se situe. En plus de nous ramener aux peurs plus primales en rendant les lieux plus exiguës et en situation l’action de nuit, la seconde partie développe l’intrigue globale de la trilogie en opposant la folie des hommes face à la brutalité bestiale, finalement moins destructrice et qui découle de nos propres erreurs. La lecture est moins profonde que dans le premier, et si on sent les prémices d’une petite révolution, le scénario reste très timide, mais dans l’ensemble on reste sur le même niveau d’efficacité que son prédécesseur. Peut-être un léger cran en dessous, mais le divertissement est assuré et la continuité est plus probante que dans l’ancienne trilogie. Dire qu’il faudra attendre été 2021 pour la conclusion…

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