Videodrome

Videodrome
1984
David Cronenberg

Dans notre société moderne, on est quotidienne abreuvé de dérives policières, de manifestations violentes, de terrorisme, de guerre, n’hésitant pas à exposer le spectateur même jeune à des cadavres à une heure de grande écoute. Quand on pense « film qui a mal vieilli », on pense souvent aux effets spéciaux, mais ici on s’attaque à un film qui a surtout vieilli sur son caractère choquant, devenu aujourd’hui complètement anodin, et c’est un problème quand l’intérêt du film reposait en grande partie sur ses propos choquants et sur un gore qui n’a plus le même impact.

Directeur d’une petite chaîne de télévision, qui tente de se démarquer en proposant uniquement de l’érotisme et du contenu pornographique dans sa grille de programmation, Max Renn (James Woods) était à la recherche de contenu un peu plus agressif pour satisfaire un public, dont il fait partie, las de vidéos trop soft. Un jour en balayant les ondes à la recherche de contenu diffusé illégalement sur une fréquence protégée, il va tomber sur Videodrome, une vidéo de sadomasochisme très réaliste avec une mise à mort finale. Fasciné et obsédé par cette vidéo, il va tout faire pour se procurer l’original et contacter ceux qui sont derrière, espérant y trouver une mine d’or à la hauteur de sa perversion.

Dans les années 80, internet était encore loin d’exister sous sa forme actuelle et le contenu pornographique n’était pas accessible aussi facilement et avec une telle abondance de choix pour satisfaire les vices de chacun. Imaginer une chaîne de télévision allant jusqu’à diffuser du contenu hard, ça pouvait effectivement être un sacré séisme à l’époque, mais difficile de croire que ce genre de contenu n’existait pas déjà dans les sex-shop qui devaient alors avoir une belle collection éclectique à proposer en VHS à ses clients. Le postulat du film n’a donc plus la même saveur, mais heureusement visuellement le film n’a que peu vieilli. Certes, les artifices utilisés crèvent les yeux, mais au moins c’est tangible puisque les effets relèvent plus d’habiles maquillages que de dégoulinants effets numériques. Le film vaut donc surtout pour son trip fantastique, délaissant la cohérence du scénario pour nous proposer de découvrir les méandres d’un esprit tourmenté et sujet à de délirantes hallucinations. Ça diverti à peu près, mais les mécaniques tournent vite en rond, et le scénario, déjà pas bien consistant de base, part carrément en vrille. L’aspect technique du film passe donc encore très bien, mais c’est dans ses thématiques et son traitement qu’il a perdu son côté subversif, rattrapé par un monde qui a encore plus sombré dans la folie.

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