Wonder Woman

Wonder Woman
2017
Patty Jenkins

Apparue dans l’affrontement de Batman V Superman, la guerrière amazone a enfin droit à son film solo introductif. Et rien que ça c’est problématique. Possédant les DC Comics, source de super-héros au moins aussi riche que celle des Marvel de Disney, la Warner a voulu copier le phénomène des Avengers, mais sans reproduire la stratégie qui en a fait un succès si retentissant. Avant de faire un quelconque rassemblement, il y a eu pas moins de cinq films, dont quatre introductions de protagonistes majeurs. Un seul film de moins avant la Justice League me diriez-vous donc, mais non seulement Suicide Squad est un épisode à part, mais en plus BvS avait déjà des allures de Justice League en réunissant ses trois piliers principaux et n’avait que Man of Steel en guise d’introduction à l’univers. Le tout donnait l’impression d’une création de franchise à l’arrache, plaçant hasardeusement ses films sur le calendrier. Pas de quoi être serein donc malgré deux premiers films très bons vu le naufrage du spin-off censé être sur des « méchants », surtout avec toute la promo féministe autour du film et la crainte de se retrouver face à un insipide Captain America bis, mais on tient finalement là l’un des meilleurs films de super-héros de la décennie.

Fille de Zeus et de la reine des Amazones (Robin Wright), la princesse Diana (Gal Gadot) a grandi à l’écart du monde dans leur royaume, se préparant au jour où le vil Arès, dieu de la guerre, refera surface pour répandre sa haine sur les hommes. Lors de l’été 1918, le monde entra en contact avec leur île pour la première fois : pourchassé par les allemands, le pilote américain Steve Trevor (Chris Pine) s’échoua sur l’île, leur apportant la nouvelle d’une guerre mondiale terrible ayant déjà plusieurs dizaines de millions de morts. Persuadée que derrière le général allemand Ludendorff (Danny Huston) se cache Arès, Diana va décider de partir avec Steve pour mettre fin à ses agissements.

Voilà près d’un siècle que Diana est devenue la Wonder Woman, soit autant d’histoire palpitantes à raconter, d’autant que le premier super-héros de la Justice League à être entré en action après elle est Batman, probablement arrivé il y a seulement une vingtaine d’années, ce qui fait de Diana la seule défense de l’humanité pendant au bas mot 80 ans, lui donnant ainsi une légitimité totale quant à être la seule intervenante. Raconter ses origines était un passage obligé, mais choisir de replacer cet événement durant la Première Guerre Mondiale est original, détonnant d’autant plus qu’aucune femme n’avait de position sociale élevée à l’époque. Meilleure combattante et princesse de son royaume, elle va débouler dans le vrai monde comme un bulldozer qui ne se laisse pas faire, arrivant aussi avec une naïveté extraordinaire. Une femme forte mais qui ne connait la vie que d’un point de vue théorique et idéaliste, créant bien des situations comiques de par sa soif d’apprendre et de tout découvrir. Elle fera montre d’une maladresse touchante, montrant que derrière sa force colossale et ses pouvoirs se cache une jeune femme exaltée et passionnée. Comme dans Première sortie et Un Monde entre nous, le film tire tout le potentiel comique et dramatique d’une telle situation, lui conférant par moments une certaine légèreté. Un style efficace, une histoire solide, des personnages forts, un casting prestigieux (incluant David Thewlis), une bande-son très réussie avec un thème mémorable, une réalisation et des effets-spéciaux propres : un sans-faute. Les femmes peuvent effectivement se réjouir puisque non seulement un blockbuster d’envergure a fait le pari de mettre une héroïne à la tête d’un film, chose rarissime, mais en plus le film s’avère être une immense réussite artistique et technique.

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