Honoré de Marseille

Honoré de Marseille
1956
Maurice Regamey

Les blagues les plus courtes sont les meilleures, mais avec une durée n’atteignant même pas les 80 minutes, le film était déjà trop long tant il n’a rien à raconter. Imaginez Fernandel faire du Fernandel dans un rôle sur-mesure où il campe Honoré, un marseillais dans toute sa splendeur : fainéant, menteur, d’une mauvaise fois incommensurable, taquin comme pas deux et avec un sens de l’exagération indescriptible tant il explose tous les compteurs. Sur le papier, le film avait donc tout d’une excellente comédie de la grande époque avec l’un des meilleurs acteurs de tous les temps crevant l’écran comme pas deux. Seulement voilà, même avec toute la meilleure volonté du monde, on ne change pas l’eau en vin, et cette volonté n’y était même pas.

Dès la première scène, l’odeur du pétard mouillé se fait sentir : on part sur de la comédie musicale pas vraiment inspirée, et une fois finie la première chanson on ne saurait dire de quoi il retourne. Vient alors une bonne idée d’axe, celle du journaliste. Il semblerait que le personnage d’Honoré soit si monumental et respecté dans tout Marseille qu’un journaliste est prêt à tout pour obtenir l’histoire du grand homme. Il se fait désirer, se pavane, réinvente l’Histoire avec un grand H en se posant comme un dieu vivant qui a inventé tout ce que le monde compte de meilleur. Alors oui, c’est en sur-jeu constant, le personnage est caricatural à outrance et les chansons sont d’une redondance à peine croyable, mais l’idée est amusante. Une première demi-heure aguicheuse, quasi putassière, mais malgré d’évidentes faiblesses d’écriture et des acteurs en roue libre, ça passe. Puis plus rien, l’histoire du journaliste est laissée pour compte, suivant le fameux Honoré dans un quotidien banal où mensonges, mauvaise fois et arrogance pulvérisent tout sur son passage, à la limite de l’antipathique. Tout n’est qu’enchaînement de gags peu inspirés, sans aucun lien scénaristique, et après avoir épuisé tous les pires clichés possibles, le film se contente de balancer son générique de fin au beau milieu de rien du tout. Un développement affligeant où les maigres idées n’ont pas su faire tenir le film debout. Un beau gâchis qui ennuiera et fera même de la peine aux inconditionnels de l’acteur.

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