Frost / Nixon, l’heure de vérité

Frost / Nixon, l’heure de vérité
2009
Ron Howard

Voilà un film qui devait être une petite pépite à côté de laquelle j’étais passé. Adaptée d’une pièce de théâtre à succès qui s’est exportée sur plusieurs continents et qui s’est jouée pendant près de deux ans, voici son adaptation en film, avec toujours les deux comédiens principaux de la pièce de théâtre, le tout épaulé par d’autres acteurs non moins prestigieux (Sam Rockwell, Kevin Bacon, Matthew MacFadyen, Toby Jones et Rebecca Hall). Le film fut à son tour acclamé par les critiques, il fut nominé dans toutes les catégories les plus prestigieuses des Oscars, et pourtant on pouvait sentir la demie-molle : malgré tout ça le film n’obtint aucun prix et fut même un gros échec commercial, ne récoltant que 27 M$ dans le monde, avec par exemple largement moins de cent mille entrées en France.

Pour ceux qui n’y connaissant rien sur l’histoire des Etats-Unis, Richard Nixon (Frank Langella) marqua l’histoire en se trouvant au cœur de l’un des plus gros scandales politique du siècle dernier : le Watergate. En résulta un fait historique qui n’avait et n’aura jamais plus lieu : la démission en cours de mandat d’un président des Etats-Unis. Le film se concentrera sur un événement qui aura lieu deux ans plus tard, en 1977, à savoir l’interview télévisuelle entre le présentateur play-boy britannique David Frost (Michael Sheen) et le président en disgrâce Richard Nixon.

Dès le début du film, une première déception se fait sentir. Pour nous autres français, entre ceux qui ne s’en rappellent pas, et surtout ceux qui sont nés après, le Watergate nous évoque effectivement une histoire de scandale, mais tout juste le film nous dira t-il qu’il s’agissait d’écoutes illégales, touchant notamment des opposants politiques, et que le président, sans forcément en être la tête pensante, avait apparemment cautionné le tout. D’autres sources affirment pourtant que tout cela n’était que pure machination contre le président, qui aurait accepté de porter le chapeau pour sauver sa vie car des menaces de mort étaient pesantes. Bref, tout ce qui entourera l’affaire du Watergate sera plus minimaliste qu’un tweet d’antan limité aux 140 caractères. On espérait alors un combat d’orateurs exceptionnels pour une interview incroyable, il n’en sera rien. Malgré les prestations impeccables des acteurs, le constat est amer : David Frost a flairé le bon coup, et même s’il a faillit tout perdre, il n’y avait pas d’autres démarches que l’appât du gain de son côté. Il s’avère être en plus un assez médiocre, pour ne pas dire lamentable journaliste, balayé par un président habitué à recracher les mensonges qu’on lui a soufflé. La grâce de Ford ne sera pas effacée, l’interview ne prêtera pas à conséquence, et malgré quelques passages sous haute tension et l’intérêt que suscite la mise en place de tout ça, on se sent un peu floué. Le film fait comme s’il mettait en scène un moment clé de notre histoire qui changea le monde à jamais, mais ce n’est absolument pas le cas. On en ressort même en se disant que le Watergate était une affaire mineure sans intérêt. Difficile de se sentir concerné, le film échoue à nous prouver sa portée, donc sans être mauvais, il peine à se justifier.

Cette entrée a été publiée dans Cinéma, Critiques. Vous pouvez la mettre en favoris avec ce permalien.

Laisser un commentaire