Tanguy

Tanguy
2001
Étienne Chatiliez

C’était il y a pratiquement deux décennies, un film si populaire qu’il est désormais devenu une expression, hissant son héros au rang de culte si imposant qu’il est devenu nom commun dans le dictionnaire, rendant un prénom totalement impossible à porter. Un sacré carton avec quatre millions d’entrées, qui a explosé par la suite tant le film est un habitué des grilles de programmation à la télé. Il n’est donc pas étonnant, après une succession d’échecs retentissants, notamment au près des critiques, de voir le réalisateur y revenir 18 ans après, mais place donc à ce premier film qui aura marqué un pays entier.

Dans un monde de plus en plus froid et austère, un phénomène inexplicable continue inlassablement à avoir lieu : symbole d’un amour si important qu’il a engendré la vie, l’enfant est pourtant poussé à quitter le nid (à moins d’être dans une famille où il faille à minima trouver un travail à 200 km du foyer pour pouvoir le quitter). À moins de quitter ses parents pour des études trop lointaines, avec en moyenne cinq ans passées à étudier après un bac obtenu en moyenne à 18-19 ans, un français quitte son foyer vers 23-24 ans, mais plutôt deux ans plus jeune à l’époque. Allant sur ses 29, Tanguy (Eric Berger) est donc ce qu’on appelle un retardataire, fier de l’être qui plus est vu le luxe et le confort de l’appartement familial. Finissant son doctorat à la fin de l’année scolaire, son départ semblait proche, mais à l’annonce du report de sa thèse d’un an et demi, l’amenant à l’âge symbolique de 30 ans, ses parents (Sabine Azéma et André Dussollier) vont craquer. Cette fois c’est décidé : ils vont tout faire pour le pousser à partir.

Difficile de croire avec le recul que le film a pu avoir un tel impact. Alors oui, dans l’absolue l’idée du film est très amusante : un enfant roi qui abuse et des parents à bout prêts à tout pour s’en débarrasser. Malheureusement, les acteurs (comprenant pourtant aussi Jean-Paul Rouve) ne sont pas très bons et le film a vite des allures de pétard mouillé. Avec une telle naïveté doublée d’une connerie ahurissante, le Tanguy sonne tout simplement creux, l’imagination des parents trouve d’emblée ses limites, puis le film étire le tout dans une redondance accablante, le tout saupoudré par un grand-guignolesque exacerbé, massacrant toute notion de cohérence. On sourira à l’occasion, mais on aura constamment l’impression que le film passe à côté de son sujet, incapable d’en tirer tout le ressort comique et échouant à créer le moindre enjeu. Le film n’avait pourtant que deux choses à faire : nous faire comprendre pourquoi Tanguy veut à ce point rester, et pourquoi ces parents ne peuvent plus vivre avec lui. Quand même l’idée de base n’est pas traitée correctement, tout est dit.

Cette entrée a été publiée dans Cinéma, Critiques. Vous pouvez la mettre en favoris avec ce permalien.

Laisser un commentaire