Silent Voice

Silent Voice
2018
Naoko Yamada

Retour au Japon pour de la belle animation 2D comme seuls eux savent le faire, toujours dans la joie et la bonne humeur avec un thème des plus sympathiques : le harcèlement scolaire et le handicape. Très loin du succès retentissant de Your Name, le film a dû se contenter du dixième de ses entrées, mais son succès d’estime fut non moins aussi important, de quoi lui laisser une chance.

Arriver en cours d’année dans une nouvelle école est difficile, être de surcroît sourde et muette aidant encore moins. Petit clown de sa classe de sixième (c’est ce qui est écrit sur la porte, mais ils parlent de primaire), Ishida va trouver drôle de martyriser la petite Nishimiya, très vite rejoint par l’ensemble de sa classe, détruisant psychologiquement et émotionnellement leur camarade handicapée. Semaine après semaine, le phénomène va s’empirer, au point d’obliger Nishimiya à changer d’établissement, et face aux sanctions disciplinaires, la classe se retournera contre Ishida, passant du clown rigolo au monstre persécuteur. Lynché et abandonné, Ishida va alors vouloir se suicider quelques années plus tard, mais il va plutôt décider de devenir un meilleur homme et essayer de réparer tout le mal qu’il a fait.

Ambiance ! Dès la première scène, on découvre un petit con bien décidé à en finir avec la vie, et vue ce qu’on découvre directement après sur la violence physique et morale qu’il a fait subir à une pauvre petite fille aux sens défaillants, on se sent l’âme charitable, près à donner un petit coup de main pour l’aider à escalader la rambarde du pont. On pourra alors faire quelques constats sur la qualité d’écriture du film : la violence scolaire est très bien retranscrite, les personnages font écho à certaines personnes qu’on a pu connaître, et la gestion de la sourde et muette est parfaite, tous ceux qui ont connu quelqu’un souffrant de ce problème seront impressionnés par un tel réalisme. L’idée d’une histoire basée sur la rédemption et l’acceptation de soi est excellente, et en dehors d’une échelle de grandeur des personnages un peu étrange (le héros fait 1m90, son pote de Sim City 1m20 et la plupart des filles 1m40) l’animation est vraiment excellente. Néanmoins, le film a tout de même deux défaut assez pesants : le personnage principal a deux de tension et est incapable de prendre la moindre décision (le phénomène Shinji), et aucun personnage n’arrive à exprimer simplement ses émotions. La romance est digne des plus mauvais feuilletons, et c’est aussi torride qu’un reportage Arte. Comme toujours la fin joue constamment avec nos nerfs, et si elle reste satisfaisante, on pouvait espérer mieux. Un scénario et une animation excellents, mais cette ombre dépressive plane toujours avec son lot de frustrations et de déceptions.

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