Green Book

Green Book
2019
Peter Farrelly

Malgré d’excellentes critiques, voici un outsider auquel pas grand monde ne croyait, en dehors du prix du meilleur acteur secondaire qui était fortement pressenti. Et le voilà reparti des Oscars avec le prix du meilleur scénario, mais surtout celui du meilleur film, célébration ultime pour ce qui était déjà un joli succès du cinéma indépendant, glanant près de 150 M$ dans le monde et plus d’un million d’entrées en France avant même sa consécration. Alors que peu des meilleurs films des derniers Oscars vont durablement marquer, la plupart de ceux des dix dernières ayant déjà été oubliés, celui-ci fera-t-il exception ? Peu probable, mais c’est assurément l’un des plus méritants de la sélection.

Tiré d’une histoire vraie, le film se déroule en 1962, période sous haute tension pour les afro-américains puisque la ségrégation avait encore cours, bien que le racisme culturel résiste encore un demi-siècle plus tard. Pianiste de renom, Don Shirley (Mahershala Ali) voulait alors entreprendre un voyage des plus compliqués : une série de concerts dans le sud des Etats-Unis, zone où la ségrégation était particulièrement forte et les comportements agressifs. Sans emploi et un peu au pied du mur, Tony Vallelongua (Viggo Mortensen), italien proche du milieu mafieux, va accepter à contrecœur un emploi de chauffeur / garde-du-corps, lui qui ne supporte pas les personnes de couleurs. Un riche noir pédant, un gros bof italien au sang chaud : deux hommes qui n’avaient rien en commun et qui n’étaient pas fait pour s’entendre, et le hasard des choses va les réunir pour un voyage de huit semaines.

Voilà ce qu’on appelle un feel-good movie. Le film part de thématiques assez graves pour au final nous livrer un road-movie où deux inconnus vont apprendre à se connaître et à s’apprécier. Un choc de cultures où chacun a à apprendre de l’autre et où tout le monde en ressort grandi. Le film n’est pas là pour nous balancer sagement sa morale, il est surtout là pour faire un point sur le monde, son évolution (ou non en l’occurrence), mais surtout pour nous faire comprendre son fonctionnement. Si la distinction raciale est naturelle, le racisme au sens de « la peur de l’autre » est quant à lui plus culturel. Indubitablement dans une cérémonie des Oscars où la mixité était à ce point mise en avant, le sacre du film est évidemment politique, mais le film ne démérite pas pour autant. Si en terme d’écriture ou de mise en scène le film n’a rien de bien original, son histoire n’en reste pas moins agréable à suivre, la femme de Tony apporte une émotion qui fait du bien, et le jeu des acteurs est effectivement excellent. Mahershala Ali campe encore un peu toujours le même genre de personnage, et il le fait parfaitement bien, mais j’aurais plus tendance à applaudir la performance de Viggo Mortensen, au rôle très éloigné de son répertoire, arrivant pour le coup à sortir un accent italien convaincant, sans compter la métamorphose physique. À l’image de la plupart des Oscars du meilleur film de ses dernières années, il est probable que le film sombrera vite dans l’oubli et ne marquera assurément pas l’histoire, mais il a le mérite d’offrir un excellent divertissement, largement plus abouti que la plupart des autres prétendants qui étaient en lice.



Critique aussi disponible en vidéo complémentaire : https://youtu.be/lX0u1ue4rZ8

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