Bohemian Rhapsody

Bohemian Rhapsody
2018
Bryan Singer

Sur les dix dernières années, pas moins de vingt biopics consacrés à la musique ont vu le jour, preuve de la fascination du cinéma pour cet autre art, mais parmi tous les films du genre, dans toute l’histoire un seul avait atteint la barre des 200 M$ dans le monde, et de peu : Straight Outta Compton. Il faut dire que dans ce genre de cas deux problèmes se posent : il faut que le biopic concerne un groupe ou un artiste de grande renommée, et comme généralement cela concerne des personnes décédées le public a probablement beaucoup vieilli et n’est pas celui qui se rue dans les salles, et l’autre grand problème est de proposer un film intéressant. Si c’est pour entendre une énième fois l’histoire d’une rock star délurée qui a abusé de tous les vices de la vie, l’intérêt ne semble pas évident. Pourtant, cette fois le public a répondu présent comme jamais, pulvérisant tous les records et pouvant même se targuer d’un maintient exceptionnel, le film allant bientôt dépasser les 400 M$ dans le monde, doublant le précédent record du genre. Il est vrai que le groupe britannique Queen a assez largement marqué l’histoire, mais de tout évidence il n’est pas prêt d’être oublié.

Certes normalement centré sur le groupe de musique Queen, le film nous est raconté selon le point de vue et l’histoire de Farrokh Bulsara alias Freddie Mercury (Rami Malek), le chanteur du groupe. Le film raconte donc son histoire, de la création du groupe en 1970 jusqu’à leur apogée en 1985 avec ce qui restera dans les mémoires comme le plus grand concert de tous les temps, le Live Aid, où, devant plus d’un milliard et demi de téléspectateurs et plus de cent mille personnes sur place, les plus grands groupes de l’époque se sont réunis bénévolement pour la cause humanitaire.

Certains groupes ont galéré, d’autres ont simplement posé leurs couilles sur la table. Persuadés que leur talent les porterait jusqu’aux sommets les plus hauts, ils ont tout donné, dépensé leurs économies jusqu’au moindre centime pour montrer à tous leur force et leur originalité. Ne se reposant jamais sur leurs acquis, ils n’ont eu de cesse que d’innover, que ce soit avec le fameux titre « Bohemian Rhapsody », détruit par les critiques à sa sortie de par la longueur du morceau (six minutes) ou le style trop excentrique, mais aussi des titres aussi fous que « We will rock you », se basant uniquement sur l’interaction avec le public. On y découvre les dessous créatifs de ces titres mythiques, et en parallèle de ça on apprend aussi que Freddie Mercury n’a pas toujours été ce stéréotype ambulant de l’homosexuel cuir moustache puisqu’il a aussi eu des histoires d’amour avec des filles, bien que le film n’en montrera qu’une, celle qui a façonné toute sa vie et qui a été son amante puis sa meilleure amie jusqu’à sa mort : Mary Austin. Bien que l’histoire se centre beaucoup trop sur Freddie, et notamment ses frasques dans une période où s’enculer entre potes n’était pas quelques chose d’avouable, créant par là même des longueurs expliquant l’accueil mitigé de la presse, on y découvre une pléthore de personnages intéressants, avec par exemple Allen Leech et Aidan Gillen qui campent le manager et l’assistant du groupe. Les acteurs sont très bons et font le taff, et selon mon collègue très fan des Queen, la ressemblance est frappante. Niveau réal rien à dire, c’est sobre et efficace et quelques plans sont même très recherchés comme le coup du coq ou la caméra drone qui rentre dans le bus. L’histoire est plus palpitante que ce qu’on aurait pu croire, on y découvre pas mal de faits très intéressants (à prendre avec des pincettes bien sûr puisque tout n’est pas pure vérité à l’image du personnage de Mike Myers totalement inventé) et puis surtout quelle claque musicale ! Le traitement du son est juste dingue, et terminer le film avec la reconstitution quasi complète du passage des Queen au Live Aid est un coup de maître tant ça nous prend aux tripes et conclu l’histoire avec brio. Sans même être spécialement fan du groupe, quand retenti à la fin « We are the champions », difficile de les contredire.



Critique aussi disponible en vidéo co-présentée par mon ami Thibault, grand cinéphile qui a eu envie de vous témoigner sa passion pour le groupe et son amour pour le film.
https://www.youtube.com/watch?v=Ia9n61A5SFc

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