Chasseuse de géants

Chasseuse de géants
2018
Anders Walter

Annoncé en janvier dernier, le film semblait se destiner à être l’un des gros cartons de cet été tant la bande-annonce vendait du rêve. Une ado marginale qui affronte seule des créatures maléfiques, ça pouvait être un bon pitch, d’autant que les héroïnes sont rares. Finalement, après être reparti bredouille du festival de Gérardmer, le film ne s’est jamais doté de date de sortie, et le voilà débarquant directement en vidéo. Un sort à la fois décevant et inquiétant, laissant craindre une moindre qualité qui aurait refroidi les distributeurs. Heureusement, même si le film n’est clairement pas ce qu’on croyait, il n’en est rien.

Vivant avec un grand frère solitaire et une grande sœur (Imogen Poots) qui doit gérer seule la famille et travailler pour subvenir à leurs besoins, Barbara (Madison Wolfe) s’est peu à peu refermée sur elle-même et ne parle plus à personne. Persuadée que le monde cours un grand danger et que des géants sont sur le point d’attaquer son village, elle passe son temps à élaborer des pièges et se préparer pour tuer ceux qui s’approcheraient. Nouvellement arrivée, sa camarade Sophia (Sydney Wade) va essayer de rentrer dans son jeu et devenir son amie. De même, sentant la fracture grandissante entre entre Barbara et les autres, la psychologue scolaire (Zoe Saldana) va elle aussi essayer de lui venir en aide. Mais-est réellement elle qui a besoin d’aide ou est-ce les autres qui ont besoin d’elle pour repousser les assauts des géants ?

Si le film avait, d’après la première campagne marketing, des airs de Jack le chasseur de géants en mode contemporain, il est en réalité bien plus proche d’un Le Secret de Terabithia voir d’un Labyrinthe de Pan. Si le film s’est « vendu » autour des géants et de la confrontation avec eux, il s’agit surtout d’une histoire de drame humain et de comment se construire à l’adolescence quand ses repères s’envolent. Le côté fantastique est donc presque là artificiellement pour aguicher, servant néanmoins de léger suspense quant à la véracité de ce que l’on nous montre, mais la prise de partie est telle que le doute n’est jamais vraiment permis. Fort heureusement, le film n’en avait de toute façon pas besoin tant ses qualités sont nombreuses. En terme de réalisation, le film frise la sans faute entre une photographie magnifique, des plans très esthétiques et lisibles, des mouvements de caméra très doux et de judicieux choix de mise en scène pour bien mettre en valeur les créatures. Pour ce qui est de l’écriture et de l’ambiance, le film est là aussi très bon, jonglant habilement entre légèreté et tragédie, et dressant le portrait de personnages complexes et intéressants. Des protagonistes d’autant plus fascinants et attachant que les actrices (la gente masculine étant quasi absente) sont toutes exemplaires, mention spéciale à la jeune Sydney Wade (rôle sur-mesure puisque son personnage vient de la même ville anglaise que l’actrice, Leeds) qui est assez largement bluffante et dont la carrière future mérite toute notre attention. Le film n’est donc pas le blockbuster épique qu’on pouvait croire, mais une œuvre bien plus intimiste et psychologique, et c’est tant mieux.



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