Jumanji : Bienvenue dans la jungle

Jumanji : Bienvenue dans la jungle
2017
Jake Kasdan

Et si je devais moi-même hypothétiquement réaliser une suite ou remake à Jumanji, que ferais-je ? Après avoir réévaluer le film culte de 1996, le constat était sans appel : aussi sympathique que fut le film, il n’a pas poussé son concept assez loin et le potentiel lattant était criant. L’idée de renverser la situation en, non pas exportant les menaces du jeu dans la vie réelle, mais en transposant le joueur dans la peau de personnages eux-mêmes téléportés dans la fameuse jungle angoissante et ô combien dangereuse, donnait un nouvel axe intéressant à aborder. En laissant couler quelques mois et la folie entourant le phénomène qui frôle le milliard de dollars de recettes (960 M$), j’avais réussi à dépasser mes à priori sur ce monument de nostalgie pour entrapercevoir la beauté du projet. Un jeu qui nous pousse à donner le meilleur de soi, à chercher la vraie raison de son existence, jouer sur la survie et les ravages qu’une vie perdue peut faire dans son entourage : le sujet était tout trouvé. Malheureusement, la machine Hollywood en aura fait une simple comédie sans aucune ambition.

Si dans les années 90 un jeu de société magnifique sculpté à la main en bois massif pouvais intriguer, les jeunes sont devenus aujourd’hui trop débiles pour apprécier l’art au sens large, ne cherchant que des échappatoires à leur morne vie, que ce soit via les drogues ou certains jeux-vidéos qui font honte à l’art vidéo-ludique : les simples défouloirs décérébrés. Évoluant pour mieux toucher son public, Jumanji devient ici un jeux-vidéo, s’attaquant cette fois à quatre jeunes lycéens qui vont se faire aspirer dans le jeu, découvrant à leur tour les dangers de la jungle du jeu.

Ou comment massacrer son idée de base en deux secondes. On passe d’une jungle mortelle, où des créatures aussi vicieuses que des plantes carnivores vous guettent à chaque recoin, à une immense blague où le danger est inexistant et où les avatars sont des gags ambulants. On retrouve le « geek » de service transformé en beau gosse bourrin (Dwayne Johnson), la chaudasse qui se retrouve dans le corps d’un petit gros (Jack Black), l’ingénue devenue bombasse (Karen Gillan) ou encore le grand black qui devient le rejeton rachitique (Kevin Hart). Un jeu pas très subtil sur « ne pas juger les gens à leur apparence », nous ressortant des clichés ambulants pour une morale éculée et biaisée. Rares sont les idées comique à vraiment marcher, la plupart du temps c’est plus navrant qu’autre chose, à l’image des points faibles exploités de façon bien putassière. Très vite l’humour tourne en rond et il faudra avoir des exigences très basses pour s’en contenter. Pour ce qui est de la jungle en elle-même, c’est tout simplement une catastrophe : le bestiaire est anecdotique, encore moins étoffé que dans l’original, le coup des vies annule tout sentiment d’insécurité et alors que des humains sont présent dans jeu, il manque le seul digne d’intérêt, le chasseur. Pire, la réalisation plate peine à donner un quelconque sentiment de grandeur et se vautre quand il s’agit d’instaurer ne serait-ce qu’une forme d’inquiétude. Alors oui, ça se laisse regarder de par la bonhomie des personnages et le caractère divertissant de cette comédie bas de plafond, mais nous refourguer une comédie passable avec un tel sujet est une aberration qui crèvera le cœur de tous les cinéphiles qui espéraient voir un développement à la hauteur. Succès commercial dantesque oblige, deux suites sont déjà programmées, mais l’espoir que le futur soit meilleur est inexistant quand le public se rue à se point pour célébrer la médiocrité.

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