The Cloverfield Paradox

The Cloverfield Paradox
2018
Julius Onah

Le 4 février dernier, la saga Cloverfield a encore frappé fort. Après le projet mystère devenu 10 Cloverfield Lane à moins de deux mois de sa sortie, le nouvel acquéreur de ce troisième film de l’univers étendu a brisé toutes les règles du jeu. Devant sortir en salle en avril, Netflix a racheté le film dans la plus grande discrétion, et alors qu’aucune image n’avait filtré, un spot à 10 millions de dollars à la mi-temps de la finale du Superbowl (événement sportif qui rassemble le plus de personnes au monde) montrait non seulement les premiers visuels jamais publiés du film, mais que ce dernier était disponible immédiatement sur leur plateforme de vidéo-à-la-demande. Un marketing sans précédent créant forcément des attentes démesurées, et clairement le film n’en avait pas les épaules.

Se déroulant quelques années dans le futur, l’histoire nous convie au cœur d’une expérience scientifique visant à sauver la Terre. Avec une population grandissante et des énergies fossiles en raréfaction, l’énergie est devenu un problème massif et le Shepard pourrait être la réponse à tous leurs problèmes. À la tête de la station spatiale Cloverfield, Hamilton (Gugu Mbatha-Raw) et son équipe (incluant Daniel Brühl et Zhang Ziyi) tentent de mettre au point une énergie du vide, créant une brèche dans l’espace-temps pour en retirer de l’énergie. Après des mois d’essais, le tout premier test concluant va aussi avoir un effet secondaire indésirable : que ce soit aux hublots ou sur les radars, plus aucune trace de la Terre.

Certaines expériences sur l’énergie tendent à prouver qu’on peut tirer de l’énergie à partir du vide. Le principe laisse perplexe et pour l’instant personne n’arrive à comprendre pourquoi, même si la thèse des univers parallèles ou du moins celle d’autres dimensions est évoquée. Le film fait mine de s’engouffrer dans la brèche pour expliquer que l’ouverture dimensionnelle est à l’origine de l’apparition des monstres de Cloverfield, faisant ainsi écho au scénario de Pacific Rim, mais sans le côté combats titanesques et direction artistique bluffante. Une idée intéressante, mais c’est malheureusement la seule qu’aura le film, se limitant aux répercutions déjà connues et donc hautement prévisibles. Pour le reste, on aura droit à un énième huis clos spatial pseudo horrifique, mais ce qui fait le plus peur c’est le vide ahurissant du film. Rien n’est expliqué, rien ne tient debout. On essaye de nous faire monter la sauce à base de mystère spatio-temporel, mais ça ne colle pas : la station spatiale ne peut marcher de la sorte avec de pareils dégâts structurels, et on ne peut mélanger deux espaces-temps sans être cohérent sur les fusions et l’emplacement des choses. Le film n’essaye même pas de proposer une base scientifique et n’arrive pas à être cohérent avec lui-même. En fait, on est un peu dans le cas de figure de 10 Cloverfield Lane : un huis clos conceptuel qui semble rattaché artificiellement au premier Cloverfield pour créer une sorte de franchise reposant sur le simple principe que des monstres géants ressemblant aux Anges de Evangelion attaquent la Terre. Seulement ici c’est presque la seule chose qui légitime l’existence du film tant il n’a absolument rien d’autre à offrir que des clin d’œil à des œuvres autrement plus abouties. Un troisième spin-off à cette non-saga est déjà annoncé pour octobre (donc septembre sur Netflix ?) avec au programme américains et nazis réunis contre les monstres en pleine Seconde Guerre Mondiale, promettant rien que sur le principe une incohérence de taille, mais on peut déjà tabler sur des justifications fumeuses à base de « oui mais de toutes façons l’espace-temps est modifié ». NON ! Chronologiquement The Cloverfield Paradox se déroule avant Cloverfield tandis que 10 Cloverfield Lane se déroule en parallèle (démarre avant et fini après). À moins de nous faire croire à une mission secrète ayant éliminé toute trace des envahisseurs de l’époque, et que pour des raisons inconnues ils ont mit un siècle à revenir, faire un film en 1940 n’a aucun sens. Enfin bref, faire des films autour de celui de 2008 pouvait sembler être une bonne idée, mais entre un lien artificiel et pour le coup un intérêt autre quasi nulle, on commence à en douter.

Cette entrée a été publiée dans Cinéma, Critiques. Vous pouvez la mettre en favoris avec ce permalien.

Laisser un commentaire