Mr Wolff

Mr Wolff
2016
Gavin O’Connor

Vendu comme un thriller d’action assez lambda, le film s’est en revanche nettement rattrapé grâce au bouche à oreille, au point de devenir un succès plus que correct avec des recettes mondiales de 154 M$, soit plus du triple du budget. Traînant dans la fameuse blacklist des meilleurs scénarios depuis cinq ans, le film est effectivement bien plus que ce qu’il n’y paraissait.

Il est fréquent chez les personnes autistes que leur différence de perception émotionnelle développe chez le sujet une logique ou une faculté d’analyse accrue. Souffrant du syndrome d’Asperger, Christian Wolff (Ben Affleck) a ainsi mit à profit sa différence pour devenir un expert comptable de renom. D’apparence honnête, Wolff fait en réalité l’objet d’une enquête du gouvernement puisqu’il aurait travaillé pour les pires mafias et cartels du monde. Cette fois, son dernier client n’était qu’une simple entreprise de robotique, pour autant le danger n’aura jamais été aussi grand.

Le scénario de ce film est tout simplement l’un des meilleurs de ces dix dernières années. Pas forcément le plus original ni le plus intéressant mais en tous cas le plus élaboré et le plus abouti. Que ce soit la narration, les personnages, les rebondissements ou l’évolution de la trame, tout est soigné aux petits oignons. Inattaquable, parfait, logique, classe et ambitieux. Tout fini par se recouper, aucune scène n’est inutile, aucun personnage n’est là par hasard ou simplement pour faire avancer gratuitement l’intrigue. Non, le film est immense puzzle où chaque pièce est unique et utile. On se doute la plupart du temps où va chacune d’entre elles, mais c’est juste magnifique de précision et de propreté. La prévisibilité n’est aucunement un problème tant le chemin choisi est le seul possible et c’est même une belle récompense pour le spectateur averti qui aura su de lui-même reconstituer le puzzle. Même au niveau artistique le film est brillant entre un casting formidable (Anna Kendrick, J.K. Simons, John Lithgow et Jon Bernthal) et une réalisation très lisible qui se permet quelques visions étonnantes comme la salle en verre recouverte d’écriture. On peut certes regretter qu’une telle concentration de talents se soit focalisée sur un thème trop classique, mais qu’on soit ou non attiré par ce genre d’histoire de complots, impossible de rester de marbre face à une construction si parfaite doublée d’une efficacité remarquable sur tous les points.

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