Morgane

Morgane
2016
Luke Scott

Il est difficile de se tailler une place dans le milieu du cinéma, surtout quand on évolue dans l’ombre d’un père tel que Ridley Scott, qui produit ici le tout premier long-métrage de son fils. Il fallait donc marquer un grand coup et le sujet semblait ambitieux, mais malgré une distribution plus que correcte les résultats furent catastrophiques. Retiré de pratiquement toutes ses salles après seulement deux semaines, le bouche-à-oreille fut médiocre et son budget minimaliste de huit millions fut tout juste atteint.

L’homme est fragile, sa croissance est très lente et ses capacités cognitives sont loin de la vivacité de certains de nos cousins primates. Dans l’optique d’y remédier, une équipe de chercheurs (incluant Toby Jones, Rose Leslie, Michelle Yeoh et Jennifer Jason Leigh) tente de mettre au point depuis des années des humains de synthèse, et pour leurs responsables il est temps d’évaluer leur réussite. Une responsable de l’évaluation des risques (Kate Mara) et un psychologue (Paul Giamatti) vont donc chercher à savoir si Morgane (Anya Taylor-Joy), être créé en laboratoire, est ou non un bon investissement.

Passé les questions de moralité et de religion pour savoir si on peut ou non se prendre pour Dieu et créer de la vie, l’intérêt de ce genre de film est de savoir si on peut considérer que la chose que l’on voit est vivante ou non. Est-ce que ça a une âme ? Est-ce que Dieu la renierait ? Que ce soit une machine comme dans Ex Machina ou une créature comme dans Splice, on joue beaucoup sur l’ambiguïté, nous donnant à la fois des raisons d’aimer et de craindre Morgane. Visiblement capable de ressentir des émotions, elle pourrait nous émouvoir, et d’un autre côté son teint gris, ses lèvres violettes et son regard obscur nous perturbe. Malheureusement, là où un film comme Splice gérait parfaitement l’attirance malsaine, on reste ici bien trop focalisé sur le danger sans jamais lui laisser une vraie chance, créant une frustration aussi grande que celle provoquée par la fin, pratiquement évidente dès les premières scènes. Un excellent sujet déjà traité maintes fois avec brio, mais en l’occurrence cette itération est bien trop lisse.

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