The Lobster

The Lobster
2015
Yorgos Lanthimos

Comment est vu le couple dans notre société actuelle ? Pour nous le montrer de la façon la plus perturbante possible, on peut faire confiance à nos collègues britanniques, nous proposant ici un film très particulier. Et si le célibat était une maladie dangereuse, une situation contre-nature à combattre à tous prix ?

Après 11 ans et un mois de vie commune, David (Colin Farrell) a perdu sa femme et est désormais atteint du syndrome de la solitude. Il n’a donc plus le droit de vivre en société, et plutôt que de devenir un marginal, il va tenter sa chance dans un centre spécialisé. Il a 40 jours pour trouver l’amour, sans quoi il sera transformé en animal, n’étant plus compatible avec le mode de vie humain. Pour lui, si ça ne fonctionne pas, il souhaite devenir un homard.

Nous voilà donc plongé dans un monde à peine exagéré où les individus se classent en deux catégories : ceux qui sont en couple, la norme, et les célibataires, indésirables qu’il faut chasser. D’ailleurs, la métaphore devient ici littérale, car de la même manière qu’ils luttent intérieurement pour sortir du célibat, les pensionnaires que l’on suit (incluant John C. Reilly et Ben Whishaw) chassent aussi les célibataires qui vivent en dehors des règles (incluant Rachel Weisz et Léa Seydoux), se terrant en meute dans les forêts. Une chasse qui peut leur rapporter de précieux jours supplémentaires pour leur quête d’amour, d’autant plus que pour valider une compagne ou un compagnon il faut passer au travers de deux semaines de cohabitation suivi de deux autres semaines de croisière, ce qui laisse en réalité 12 jours pour choisir un ou une partenaire. Un stress immense qui pousse à se chercher des points communs avec toute cible potentielle, quitte à provoquer artificiellement le rapprochement. À ce niveau là, le film va très loin, poussant l’idée à son paroxysme et ça marche très bien. On sent toute la folie de cet univers, tout en sentant la critique de notre société, à peine exagérée. Les personnages sont magnifiques, leurs interprètes aussi fous qu’eux, et on est à la fois horrifié et amusé par cette vision psychédélique du couple. Un genre d’humour qui ne plaira probablement pas à tous, mais pour peu qu’on y soit sensible, c’est une franche réussite.

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