Le Septième fils

Le Septième fils
2014
Sergey Bodrov

Mine de rien, les adaptations de romans d’héroïque-fantastique sont rares malgré les innombrables best-seller qui ont vu le jour, et malgré le succès de la saga du Seigneur des Anneaux et celle plus mitigée mais néanmoins importante de Narnia (qui retrouve ici son héros), le seul réel prétendant fut Eragon, bon film mais qui apparemment n’était pas du tout fidèle au roman, s’attirant la colère des fans. Tiré de la saga de L’épouvanteur, le film commençait mal son parcours en annonçant d’emblée que l’âge du héros serait plus que doublé, ayant originellement 12 ans. Puis en été 2012, à six mois de la sortie, la première bande-annonce sembla sonner le glas tant les retours furent catastrophiques, et une projection test le confirma : le film était mauvais, très mauvais. Qu’à cela ne tienne, le film a été en grande partie retourné et les effets spéciaux de la boîte qui avait fait faillite ont été améliorés, et avec des problèmes de studios, la sortie du film a au final été repoussé de près de deux ans. Vu qu’au bout du compte le four fut complet tant commercial (110 M$ engrangés pour un budget pub comprise probablement supérieur puisque de 95 M$ brut) que critique, c’était finalement pas la peine de se donner tant de mal.

Dans un monde où la magie représente le mal, la mère des sorcières Malkin (Julianne Moore) est considérée comme le démon personnifié, la plus grande menace sur Terre. Pour lutter contre les forces de l’ombre, il y avait autrefois des chevaliers, mais il n’en reste aujourd’hui plus qu’un : Gregory (Jeff Bridges). On raconte qu’un septième fils de septième fils est sept fois plus fort qu’un homme normal, et c’est pourquoi il ne choisit que des apprentis répondant à ce critère. Le dernier en date (Kit Harington) étant mort, il fera de Tom Ward (Ben Barnes) sont nouvel élu. Seulement ils doivent faire vite : dans une semaine Malkin retrouvera ses pleins pouvoirs, de même que l’ensemble du monde des ombres – incluant ses généraux (comptant parmi eux Djimon Hounsou) -, et elle ne pourra alors plus être arrêtée.

Un film comme ça ne pouvait forcément pas marcher. Difficile de dire si le problème vient du livre ou du film, mais dans tous les cas l’univers est foncièrement mauvais. Du cliché ambulant d’héroïc-fantaisy pauvrement inspiré, nous balançant des prophéties et des élus à tour de bras sans pour autant en tenir compte (typiquement le principe même de l’histoire de septième fils : on ne voit jamais de démonstration de supériorité du héros), reprenant à son compte toutes les créatures magiques sans arriver à les rendre vivantes (bien que les effets spéciaux soient assez bons, légitimant le choix de les refaire), et nous balançant surtout le tandem le plus éculé de l’histoire : le vieux mentor aigri et le jeune apprenti fougueux prêt à tout remettre en cause, comme la méchanceté des sorcières avec la belle Alicia Vikander. Donc non seulement l’histoire n’est pas très bonne, mais en plus elle ne fait preuve d’aucune imagination et ne va jamais au bout des choses, comme pour les métamorphoses foireuses ou l’idylle qui débarque comme un cheveux sur la soupe à la toute fin. Visuellement le film s’en sort pas trop mal, mais au même titre que le casting, ça sent plus le cache misère que le grand spectacle réjouissant. En voyant ça on se dit qu’il n’y a pas trente-six solutions : le matériaux de base était lamentable et les scénaristes ont été incapable d’en tirer quoi que ce soit. Un film techniquement correct, mais artistiquement ignoble.

Cette entrée a été publiée dans Cinéma, Critiques. Vous pouvez la mettre en favoris avec ce permalien.

Laisser un commentaire