’71

’71
2014
Yann Demange

Considéré comme l’un des meilleurs films retraçant les incidents sur l’IRA et autres mouvements terroristes d’opposition religieuse en Ireland au début des années 70, The Boxer m’avait laissé froid, et l’idée de me retrouver à nouveau devant ce même thème ne me réjouissait pas des masses. Le problème vient de la nature exacte du conflit : une guerre entre les catholiques romains du Sud et les chrétiens protestants du Nord. Deux religions quasi similaires, partageant le même dogme et la même vision de la vie. Le conflit n’a d’autant moins de sens que ce sont les protestants qui furent les plus agressifs, alors même que c’est leur religion est la plus libérale, s’étant affranchi de toute notion de saints, de reliques sacrées et autres représentants religieux, et ayant même délaissé une partie de la bible. Le protestantisme est une version épurée et remodelée du christianisme, mais en aucun cas une contradiction. Donc le principe de base est con, même si c’est la politique de conformisme britannique et son occupation qui a mit le feu aux poudres, mais finalement le film est plus universel. Il parle de Gary Hook (Jack O’Connell), militaire anglais dépêché à Belfast en 1971, qui va se retrouver piégé en plein cœur du conflit, et difficile de savoir à qui accorder sa confiance.

Après un début classique en mode « film coup de poing » qui dépeint la violence, la misère et l’horreur qui régnaient sur place, le film bascule dans sa seconde moitié vers quelque chose d’un peu plus neuf et intéressant, en devenant une sorte de thriller intimiste avec des histoires de complot et de survie. Le film devient alors beaucoup plus intéressant, même si l’éternel rite initiatique ne l’aide pas à briller question originalité. En revanche, son ambiance stressante est assez réussie, et la réalisation est plutôt stylisée. Désormais habitué aux rôles de dur à cuir avec la rage de vivre, Jack O’Connell prouve à nouveau son statut de talent en devenir, et son jeu, mélange de hargne et de fragilité, colle encore très bien à son personnage. Au final les questions religieuses ne sont pas traitées, et ce sont plus les aspects politiques et humains qui structurent le récit, une bonne chose assurément tant la pente peut s’avérer glissante. Mais le film ne convainc pas outre mesure, la faute à une absence notable : l’émotion, totalement absente. Un film très bien fait, osant quelques efforts artistiques, mais foncièrement froid, n’arrivant jamais à nous toucher.

Cette entrée a été publiée dans Cinéma, Critiques. Vous pouvez la mettre en favoris avec ce permalien.

Laisser un commentaire