Fast & Furious 7

Fast & Furious 7
2015
James Wan

Initialement l’attente autour de la saga Fast & Furious était déjà énorme, car depuis le retour du duo Brian O’Connor / Dominique Toretto dans le quatrième volet et que l’ensemble du casting fut réuni dans un cinquième épisode explosif et ingénieux, la saga a connu une évolution spectaculaire. En grosse difficulté financière avec le décevant Tokyo Drift, elle a ensuite explosé des records avec chacune des suites, le sixième film ayant même atteint les 788 M$ dans le monde. Mais voilà, le 30 novembre 2013, alors que le tournage de ce film battait son plein, l’un des principaux héros de la saga est mort : Paul Walker. La sortie du film a donc été repoussée d’un an, une réécriture s’est imposée, et des doublures avec trucage numérique ont remplacé l’acteur pour ces dernières scènes, amenant le budget à une barre vertigineuse : 250 M$, soit presque 100 M$ de plus que le record détenu par le précédent volet. Nombre de questions se posaient alors, à savoir si le tragique incident allait avoir une répercussion sur le film, si le trucage numérique n’allait pas dénaturer l’ensemble, comment l’histoire allait gérer ça, et aussi savoir si la saga a encore un avenir sans son héros originel. Avec 392 M$ sur son premier week-end et le demi milliard atteint en moins d’une semaine, pour un cumul final probablement situé aux alentours des 1,1 milliards, et surtout des critiques dithyrambiques, il semble que le public et la presse ont largement répondu oui.

Pourtant d’un charisme presque négatif pour une histoire décevante, cette suite reprend l’histoire de Owen Shaw (Luke Evans) – d’ailleurs pas mort finalement -, que son frère, Deckard (Jason Statham), cherche à venger en traquant l’équipe de Hobbs (Dwayne Johnson), à savoir Dom (Vin Diesel), Brian (Paul Walker), Han (Sung Kang), Roman (Tyrese Gibson), Letty (Michelle Rodriguez) et Mia (Jordana Brewster). Suite à la mort de Han, attribuée à tort à Deckard, Dom va décider de faire alliance avec le gouvernement (Kurt Russell) pour retrouver et tuer le second Shaw, devant pour ce faire retrouver l’ingénieur Ramsey (la sublime Nathalie Emmanuel de Game of Thrones) responsable de l’œil de Dieu, système de localisation implacable. Mais Shaw est lui aussi sur le coup avec sa légion (commandée par Djimon Hounsou et Tony Jaa).

Peu à peu le simple film de course de voiture est devenu du gros film d’action ultra-bodybuildé où la surenchère n’en fini plus, celui-ci atteignant des cimes encore plus hautes. C’est bien sûr globalement une bonne chose, mais le quasi abandon de classiques course-automobiles nous fait dire que l’arrivée de la franchise Need for Speed est une excellente chose tant le genre est délaissé par son propre précurseur, et on regrette tout de même cette simplicité des débuts. Un regret d’autant plus grand que si l’aspect revenge-movie fonctionne très bien avec la formule, sa gestion est beaucoup trop simpliste et fade pour vraiment convaincre. La dernière histoire était déjà pas bien heureuse, alors continuer avec le frère insipide d’un méchant insipide, ça n’est pas très gageure. Un bad-guy pas très crédible, aux motivations floues et à l’omniprésence lassante, et rien dans l’histoire ne sera égaler le niveau de recherche pourtant assez basique du coup du coffre à Rio. Au rayon des déceptions, en plus des nouveaux arrivants peu convaincants (exception faite de Ramsey), on notera aussi le regrettable changement de réalisateur, nuisance évidente vu le résultat. Les plans sont moins stylisés, les mouvements de caméra plus brutaux et l’action moins lisible. Certains cadrages sont plus originaux et audacieux, mais l’image est dans l’ensemble moins belle et on perd grandement au change.

Néanmoins, sans être la révolution qu’on espérait, le film est très bon. Après tant de films passés ensemble, la « famille » nous est de plus en plus attachante, et le groupe est vraiment excellent. Profitant d’un humour frais et efficace et de savoureux dialogues, le film rend plus que jamais justice à l’incorrigible hyper-alpha Roman Pierce, sans compter Hobbs, un « papa qui a du boulot ». Dommage en revanche que ce génial super-agent soit si peu présent dans le film, car chacune de ses apparitions sont mythiques. Et puis bien sûr il reste ensuite l’action, bulldozer détruisant tout sur son passage. À cause de la chronologie qui en fait le premier film à se passer après Tokyo Drift, l’occasion d’un petit caméo de son héros Lucas Black, le temps de faire le lien le film perd énormément de temps et tarde à démarrer, mais le résultat est là tout de même. On nous avait vendu l’énorme parachutage, l’intense kidnapping en montagne et le colossal saut de building en voiture, mais le film gardait dans sa manche son atout majeur : sa dernière demi-heure monstrueuse dans les rues d’une ville bien connue. Un petit bonheur un peu tiédi par la réalisation brouillonne et le cadre nocturne mal exploité, mais il y a plus. L’hommage final à Paul Walker est d’une rare perfection, nous repassant avec émotion ses plus grands moments dans la saga, avec à la clef les vibrants adieux de son meilleur ami Vin Diesel, partageant avec lui une dernière course avant de partir dans des directions opposées, magnifique métaphore qui nous fait dire que Universal a gagné le droit de prolonger la franchise sans lui, non pas que le doute fut permis de croire que tout allait s’arrêter, surtout avec un tel succès historique. Donc malgré une faiblesse scénaristique évidente, un méchant bancal et un réalisateur qui n’avait pas les épaules pour une telle production, on tient là un divertissement d’une ampleur incroyable, ravageur dans ses cascades et son humour. Assurément le plus gros film de la saga, mais l’ambiance des débuts nous manque.

Cette entrée a été publiée dans Cinéma, Critiques. Vous pouvez la mettre en favoris avec ce permalien.

Laisser un commentaire