Dans l’ombre de Mary

Dans l’ombre de Mary
2014
John Lee Hancock

Il y a 50 ans tout juste sortait aux Etats-Unis (sauf pour la France qui aura dû attendre plus d’un an pour voir le film débarquer) les péripéties de Mary Poppins, film pour enfants complètement mièvre qui mettait en avant une nourrice qui chante et fait des tours de magie. Une histoire ennuyeuse pour un film qui ne l’est pas moins, mais il semblerait que ce qui a entouré la création du film dénote de plus d’intérêt. Et même si le film fut boudé lors des cérémonies, il y avait effectivement une belle histoire à la clef.

L’histoire prend place en 1961, alors qu’après deux décennies entières à harceler l’écrivaine P.L. Travers (Emma Thompson), auteure d’une saga littéraire populaire centrée sur une nourrice excentrique qui vole avec son parapluie, Walt Disney (Tom Hanks) arriva enfin à la faire accepter d’envisager un film sur Mary Poppins. En panne d’inspiration depuis déjà de nombreuses années et commençant à voir arriver le jour où sa dote sera épuisée, la romancière va donc consentir à peut-être vendre son œuvre, mais va en revanche se montrer intransigeante sur l’adaptation qu’elle craint de voir transformée en l’un de ces ridicules films pour enfants dont Disney a l’habitude (et pour cause, elle le sera). En effet, ses livres sont un fantasme de ce qu’elle aurait aimé qu’il lui arrive quand elle était petite, alors que son père (Colin Farrell) qu’elle aimait tant souffrait d’un grave alcoolisme à cause d’un travail qu’il ne supportait que trop mal.

Deux époques, deux constats assez différents. La principale est celle de 1961 en pleine préparation du film : une confrontation de personnages forts pour deux visions incompatibles du film avec l’une qui veut un drame poignant (un choix qui aurait été infiniment meilleur)  et les autres qui luttent pour une comédie-musicale simpliste. On y découvre un Walt Disney adorable en papy qui veut faire plaisir à tout le monde, mais son rôle est assez minime et les autres sont trop classique pour rivaliser avec l’autre temporalité. Retraçant en parallèle la jeunesse de l’écrivaine, le film nous place dans un cadre magnifique de l’Amérique profonde avec un style un peu western, baigné dans une lumière magnifique qui renforce l’imaginaire et la poésie instaurée par l’immense, le prodigieux Colin Farrell qui éclipse totalement tous les autres acteurs du film tant sa prestation, la complexité de son rôle et sa relation émouvante avec sa fille rendent le reste bien plus fade en comparaison. On regrette ainsi la non-prédominance de cette histoire, largement plus passionnante et attendrissante, sans compter le soin supplémentaire au niveau de l’image. Notons aussi l’excellente musique composée pour le film, d’autant plus remarquée de par la comparaison flatteuse avec Mary Poppins qui n’en possède clairement pas la richesse. Déception donc quant à l’équilibrage des deux histoires, mais le film reste malgré tout très bon et nous prouve que l’envers du décors est parfois plus intéressant.

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