Welcome to New York

Welcome to New York
2014
Abel Ferrara

C’était il y a trois ans, l’affaire ébranlait le monde : Dominique Stross Kahn, directeur général du FMI (Fond Monétaire Internationnal) et probable futur président de la république française, avait été arrêté aux Etats-Unis pour viol. Disculpé quelques mois plus tard, ses ambitions politique furent tout de même réduites à néant, et la suite on la connaît (Hollande président, chômage et impôts qui explosent, désespoir ambiant). Mais certaines parts d’ombre planent encore sur cette affaire, et on s’imaginait déjà le film comme celui qui oserait les dissiper. Malheureusement, le film ne sera qu’une présentation caricaturale des événements vu par un journaliste de TF1.

Que sait-on exactement de cette histoire ? Il semblerait en effet, contre tout bon sens, que DSK ai eu un rapport sexuel – consenti – avec cet énorme boudin qu’était Nafissatou Dialo, qui n’était autre q’une employée de l’hôtel, payée par une organisation pour piégé le célèbre homme d’affaires. Mais patatras, le film prend la direction opposée en montrant le personnage comme un monstre, un prédateur sexuel incapable de contrôler ses pulsions, violant à tour de bras et se tapant des prostituées le reste du temps. Tombeur avéré, ayant néanmoins probablement déjà eu recours à des escort-girl, toutes ses plaintes pour viols – étrangement muettes jusqu’alors puis se multipliant après l’incident – furent déclarées mensongères, renforçant la thèse du complot. Pire encore la relation entre lui et sa femme, Anne Sinclair, est dépeinte comme venimeuse, et leur conversation sont assassines, à l’exact opposé du modèle de solidarité auquel on a assisté. Bref, l’histoire est une ignominie indigne du début à la fin, très loin de toute notion de vérité, n’assumant d’ailleurs même pas son caractère d’inspiration d’un fait réel, modifiant les noms des personnes impliquées.

L’histoire est une chose, aussi minable soit-elle, mais elle n’est pas foncièrement liée à la qualité du film pour peu que son scénario soit bon (en l’occurrence exécrable) de même que ce qui suit. Tapons alors là où ça fait mal, dans le gras : Gérard Depardieu. Passons sur le naufrage de son corps qui a depuis longtemps dépassé le stade du maladif, et attardons nous sur son personnage. En plus de jouer les mêmes scènes, il arrive au même degré de justesse qu’un acteur porno : des grognements, des textes déclamés sans la moindre conviction, et un regard qui se perd dans l’objectif de la caméra. À peine croyable tant c’est mauvais, d’autant plus terrible qu’il reste le meilleur acteur du film. Parlons maintenant technique : historiquement mauvais. De toute l’histoire du cinéma, jamais un film, un téléfilm ou même une série n’aura osé montrer pareil amateurisme. Un doublage misérable avec des voix s’entremêlant dans une cohue sans nom, des acteurs exécrables, des dialogues presque comiques de par leur nullité, un montage bancal doté d’un rythme atroce, une réalisation hystérique avec un cadrage systématiquement incohérent, une histoire ennuyeuse, gratuite dans la nudité et qui se torche avec la véracité des événements. Mes oreilles ont saigné, mes yeux ont pleuré et mon cerveau s’est liquéfié. Un grand moment de deuil cinéphilique.

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