GTO

GTO – Great Teacher Onizuka
1997 – 2002 (manga) / 1999 – 2000 (anime)
Tōru Fujisawa (manga) / Naoyasu Hanyu & Noriyuki Abe (anime)

Si bien sûr il est impossible de parler de l’anime sans parler du manga, cette critique se concentrera sur les quelques 43 épisodes que compte cette série animée japonaise. Inventé en 1991 par Tōru Fujisawa l’emblématique personnage de Eikichi Onizuka était, avec son pote Ryuji, une des terreurs de Shonan, le manga s’appelant justement Shonan jun’ai gumi, renommé en français Young GTO car étant sorti chez nous après GTO, édité en France suite au succès tonitruant de cet anime sur Canal+ en août 2004. L’aventure Young GTO n’est d’ailleurs pas finie puisqu’elle vient tout juste de renaître en janvier dernier, prolongeant ainsi le lien avec le célèbre manga dont il est question. Chronologiquement antérieur mais paru après, le manga Bad Company fait office de préquelle aux exaltions des deux voyous pervers, plus centré sur Ryuji qui fait sa toute première rencontre avec Eikichi. Mais c’est le 16 mai 1997 qu’est sorti au japon le manga qui nous intéresse, et plus particulièrement de sa version télévisuelle en dessin animé, appelé en japonais « anime », diffusée le 30 juin 1999, se terminant ainsi avant la fin du manga papier, dont la suite n’a jamais été traitée. Une déception à laquelle vient s’ajouter les absences des transposition de tous les autres supports de cet univers. Mais après tout, il s’agit toujours d’un bon moyen pour s’y plonger.

Mais qui est donc ce vieux loubard d’Eikichi Onizuka, 22 ans, célibataire et libre comme l’air ? Il n’a jamais été brillant à l’école, ses opportunités professionnelles étaient minces, et il se rappelait avec douleur de son traitement reçu par le corps enseignant : les mauvais élèves, on les jette. C’est alors que lui est venu une idée, insensée : devenir prof à son tour parce qu’il pense avoir une vision de l’enseignement capable de faire évoluer les mentalités, prenant plus en compte un rapport de sympathie que d’autorité qui rime avec répression. Trichant gaiement à son concours d’entrée, il aura l’occasion de tester sa valeur avec un stage éclair dans une école parfaite, à une classe près : la sienne, remplie de loubards dédaigneux. Un petit épisode spécial de 40 min puis s’en va, arrivant à ce qui sera le cœur de la série et du manga : sa reprise en main de la terrible quatrième classe de troisième (la 3-4) au collège Serin. Pour les remettre sur le droit chemin et leur refaire prendre goût à la vie scolaire, nul autre que le GTO, Great Teacher Onizuka.

Plein de personnages emblématiques au programme avec pour les encadrants la belle Azusa Fuyutsuki fraîchement débarquée comme Onizuka et qui ne le laisse indifférent et inversement, Sakurai la directrice au grand cœur prête à tout pour protéger Eikichi des innombrables menaces qui s’abattent sur lui, Uchiyamada le sous-directeur aigri qui voue une haine sans bornes à Onizuka dont les méthodes chaotiques l’insupportent, et bien d’autres extravagants tel que Fukuroda le professeur de gymnastique pervers, mais qui ne l’est pas ? Pour les élèves la liste est longue et une grande partie occupe une place majeure à un moment donné, à commencer par Yoshikawa, la victime de la classe ; Kikuchi, le cerveau de la bande qui joue les cracks en informatique ; Murai le fi-fils à sa maman ; Nomura Tomoko la cruche de service gentiment naïve et dotée de pis énormes ; Aizawa Miyabi la teigne qui n’a jamais accepté le sort de sa meilleure amie ; Anko Uehara la fille de riche qui prend plaisir à martyriser Yoshikawa ; et bien sûr Urumi Kanzaki aux yeux vairon, la sociopathe au QI supérieur à 200.

La série est composée de 43 épisodes, appelés « Leçons », où entre chaque coup bas et tentative de renvoie Onizuka tente de convertir ses élèves à son art de vivre en les aidant à mieux gérer leur vie personnelle, que ce soit par le dialogue ou la force. Certains auront besoin de plusieurs leçons pour apprendre, mais un par un tous s’ouvriront à lui. C’est là le principe de l’anime : chaque élève de la classe souffre à sa manière, trouvant en le système éducatif un immense défouloir pour leur haine des professeurs. Et au milieu de photos truquées, de parents d’élèves mécontents, d’argent volé, de différents avec les hautes sphères de l’éducation et autres problèmes motifs de licenciement, notre GTO devra se frayer une chemin vers leurs esprits pour les ouvrir. Un principe simple et efficace régulièrement renouvelé avec par exemple un séjour à la campagne dans l’ancienne école de Fuyutsuki ou des vacances sur une île paradisiaque. Mais en plus de tous ces personnages extraordinaires et de cet Onizuka hilarant et brillant, on peut aussi compter sur un humour décapant, une psychologie très poussée et une ambiance générale assez unique. D’un point de vu purement technique, on notera aussi la qualité « acceptable » des dessins techniquement pas mauvais, mais la réutilisation en boucle d’images (GIF), les problèmes sur la proportions des gens et le manque de fluidité de l’image n’en font pas un régal pour les yeux, heureusement cela est compensé par une grande inspiration et une direction artistique formidable. Pour la musique, l’excellence côtoie le bon : l’openning des épisodes 1 à 17 est très bon, son remplaçant beaucoup moins, et sur les trois génériques de fin, on retiendra surtout exceptionnel second (épisodes 17 à 33) qui fait montre d’une force nostalgique phénoménale.

Belle aventure donc que ce trop court séjour à l’école Serin, toujours sujet à rigolade même quand des vies sont en jeu. Héros parmi les héros, Eikichi Onizuka est le genre de prof qui pourrait faire adorer l’école à n’importe qui tant sa folie nous emporte. Pervers à tendance pédophile, voyou bagarreur et professeur ignare, il emportera pourtant immédiatement notre adhésion grâce à sa motivation sans failles, sa force de caractère et sa joie de vivre, et aussi une voix en VF particulièrement savoureuse et désormais mythique, la localisation étant en effet exceptionnelle. On rage un peu de ne presque jamais pouvoir se poser tranquillement à l’école, étudier sereinement, mais chaque leçon est une belle leçon et certaines fulgurances sont magnifiques, comme avec Urumi Kanzaki qui restera à jamais l’une des personnes les plus intéressantes et envoûtantes de l’histoire de l’animation. Rien que pour ça et son amour pour Onizuka malgré les huit années d’écart, on souhaiterait voir l’aventure se poursuivre et voir si le temps leur permettrait de se retrouver, son histoire avec Fuyutsuki étant trop évidente pour pleinement convaincre sur le long terme et il s’agirait aussi d’un choix particulièrement audacieux. Mais à l’heure actuelle, mise à part une prolongation de Young GTO, une pseudo suite centrée sur Ryuji (GTR, Great Transporter Ryuji) et un ajout déjà fini sur Onizuka durant GTO dans 14 jours à Shonan qui se passe durant une hospitalisation éclipsée de l’anime, rien n’est encore prévu, mais l’éventualité future n’est pas non plus écartée. Tout cela constitue tout de même un univers très vaste et passionnant, et cet anime de grande qualité joue parfaitement son rôle de mise en bouche, formant quand même une belle histoire complète qui aurait aussi bien pu en rester là.

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