L’Accusé

L’Accusé
2017
Oriol Paulo

Après Eva, La Piel que habito ou encore Le Cœur du guerrier, le cinéma espagnol nous offrait l’été dernier en VOD un film encore une fois atypique et formidable qu’il vous faut de toute urgence rattraper. Pourtant privé de sortie en salle et snobé des festivals où il aurait largement mérité quelques prix, notamment en terme de scénario et de mise en scène, le film ne vous laissera pas indifférent.

Se construisant sous forme de puzzle reconstitué de manière biaisée, le film tente de faire la lumière sur un meurtre dont est accusé un certain Adrian. Dans son appartement avec l’avocate Goodman, il tente de prouver son innocence dans le meurtre de sa maîtresse, jurant avoir été assommé par une tierce personne, mais il n’y a aucune preuve de son passage. Qui pourrait avoir élaboré un tel coup et pourquoi ? Dans l’impasse et étant sur le point d’être convoqué devant le juge suite à un nouveau témoin énigmatique, il n’a que trois heures pour prouver son innocence. Il n’a alors plus le choix et va commencer à raconter un accident qui serait potentiellement lié à cette histoire.

Voilà le genre de film qui prouve qu’il y a l’art et la manière de raconter une histoire. Ici, on a un présumé coupable, un témoin mystérieux, l’histoire du meurtre et ce qui y a conduit. Ne voulant dans un premier temps ébruiter l’accident premier, Adrian va donc volontairement cacher certaines informations, l’amenant progressivement à lever le voile sur des détails d’une histoire précédemment raconté (et illustré au passage, le film n’est pas un simple huis clos, il nous montre à chaque fois une scène selon un certain point de vue). Ainsi, nous seulement on découvre l’histoire au fur et à mesure en découvrant parfois certain interstices cachés, mais on revient en plus régulièrement sur une scène passée en fonction de certaines révélations qui changent le point de vue. On a donc d’un côté Adrian qui tente de se protéger au mieux, et de l’autre une enquête sur l’identité du témoin et de la troisième personne de la chambre d’hôtel où a eu lieu le meurtre pour tenter de l’innocenter. Une forme déjà complexe à laquelle se rajoutent des twists surprenants voir bluffants qui démontrent un degré de lecture supplémentaire qui assoie le scénario comme l’un des meilleurs du genre de l’histoire. Une perle d’écriture dont on prend conscience que progressivement, et il faudra attendre la toute fin pour en comprendre toute la saveur. Du génie, du pur génie.

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