Les Insoumis

Les Insoumis
2017
James Franco

On a beau être un acteur populaire et avoir à son actif une pléthore de gros succès au box-office, ça n’ouvre pas toutes les portes. Réalisateur d’une trentaine de films, incluant une poignée de courts-métrages mais la plupart sont des longs, James Franco n’a jamais eu les honneurs d’une sortie d’envergure et aucun de ses films n’a eu droit à ne serait-ce que dix salles dans tous les Etats-Unis, et aucun n’a de près ou de loin avoisiné les cent mille entrées mondiales, c’est dire. Cette fois, le film n’a même pas fait mine d’essayer et a atterri directement dans les bacs. Un sort incompréhensible quand on voit un casting comptant parmi les plus prestigieux jamais vus au service de l’Histoire avec un grand H.

Si peut d’entre nous étaient nés, les années 1930 sont restées gravées dans les mémoires pour la plus grande crise économique et sociale de l’histoire moderne. Avec le crash de 1929, le salaire journalier moyen était passé de 5 à 1$ sans pour autant que le coût de la vie n’évolue dans ce sens. C’est comme si en une poignée d’années, le SMIC passait sous la barre des 300€ par mois avec des prix et des loyers équivalents. Une situation totalement intenable qui était pourtant une réalité pour une grande majorité de la population, et certaines personnes se sont levées pour s’y opposer. Sous prétexte que leur marge avait baissé, les patrons n’hésitaient pas à revoir inlassablement les salaires à la baisse avec une disproportion honteuse, et c’est pour ça qu’à une époque où le syndicalisme était illégal et la grève inconstitutionnelle, deux militants (James Franco et Nat Wolff) ont infiltré un groupe de saisonniers pour y provoquer une révolte au péril de leurs vies.

Si déjà le contexte intéresse forcément, le film dévoile d’emblée un autre atout majeur aux propensions dantesques : son casting. Vincent D’Onofrio, Robert Duvall, Ed Harris, Selena Gomez, Sam Shepard, Josh Hutcherson, Zach Braff, Analeigh Tipton, Bryan Cranston ou encore Ashley Greene, et tous excellents qui plus est. Une avalanche de charisme pour une histoire très importante et qui a le mérite de ne pas idéaliser la résistance. En effet, aussi louable que soit la cause, les méthodes le sont bien moins : mensonges, mise en scène, pièges et coups montés. Néanmoins, face à un patronat qui n’hésite pas à assassiner de sang froid ses propres employés et se servir des forces de l’ordre pour blanchir leurs meurtres, sans compter des techniques d’endoctrinement ignobles, les moyens mis en place semblent même trop gentils, et ça a de quoi énerver. Contre une telle violence physique et morale, on aurait envie (besoin ?) de voir une réponse plus viscérale, plus brutale que de la petite manipulation et une grève assez tranquille. Comment le gouvernement et la population a t-elle pu rester à ce point impassible face à ni plus ni moins que des meurtres ? Quand la justice s’efface, la civilisation s’effondre. De ce fait, si le film est utile, éducatif, bien mis en scène et porté par d’excellents acteurs, il nous laissera ce gout amer d’avoir découvert une face sombre de l’humanité dont la froideur calculatrice nous empêche de développer une quelconque affecte émotionnelle.

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