Ouvert la nuit

Ouvert la nuit
2017
Edouard Baer

Disparu des radars après deux semaines à l’affiche, s’en allant dans les bas fonds des charts avec seulement quatre-vingt mille entrées au compteur, le film fut un échec retentissant et marqua le troisième rejet en trois films pour l’acteur s’essayant à la réalisation. S’il me sera difficile de juger les deux autres, ne les ayant pas vu, c’est en tous cas cette fois assez méritée.

Le théâtre vous passionne et vous aimeriez en découvrir les coulisses ? Grave erreur : tous les théâtres ne sont pas animés de belles et nobles intentions artistiques comme en témoigne celui de Luigi (Edouard Baer), au bord du désastre à un jour de la grande première de leur dernière pièce en préparation. Les comptes sont au rouge, les employés ne sont plus payés depuis deux mois et menacent de faire grève, l’un des acteurs principaux est blessé et le metteur en scène réclame un singe, le tout en une nuit. Gérant du théâtre de l’étoile, Luigi va donc être chargé de résoudre tous ces problèmes, un comble pour quelqu’un qui n’arrive même pas à être responsable de lui-même.

Le principe du film aurait pu être sympa : un responsable de théâtre et son assistante (Sabrina Ouazani) écumant le Paris de la nuit, résolvant tour à tour les problèmes un peu comme une succession d’interactions avec des PNJ qui débloqueraient moult quêtes pour rejoindre la principale. Seulement voilà, on est loin de la magie d’un Minuit à Paris, le héros y met très peu de bonne volonté – et c’est énervant à force tellement on voudrait le secouer – et on ne comprend pas comment son entourage (incluant Audrey Tautou, Grégory Gadebois, Lionel Abelanski et Michel Galabru) permet voir encourage un tel comportement. C’est bien simple, Edouard nous ressort le même genre de personnage insupportable et déconnecté de la vie réelle que dans Turf où il campait un flambeur inconscient et qui se pavanait avec une arrogance folle. À la rigueur pourquoi pas s’il subit à un moment donné une prise de conscience ou un retour d’ascenseur rétablissant la morale, mais non, et on lui donne presque raison. Donc non seulement son périple nocturne n’a rien de palpitant mais en plus aucun des protagonistes quels qu’ils soient n’est attachant à cause soit d’un mauvais fond soit d’une inaction face à ceux qui ont un mauvais fond. Pire, les dialogues sont à hurler tant des phrases comme « oui il est courant, faut juste que je lui dise » ne provoquent pas la moindre réaction. Non, ça n’est pas un grand gamin inconscient qui fait innocemment des erreurs, c’est un parasite qui prospère grâce à la faiblesse des autres. Et si au moins c’était bien joué, on pourrait limite dire que le film fait exprès de mettre en avant un personnage antipathique et que c’est de l’anticonformisme que de vouloir le conforter dans son rôle, mais ça ne marche pas car le film joue sur le raz-le-bol général l’entourant. Une œuvre fade, inaboutie et incohérente.

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