La Mécanique de l’ombre

La Mécanique de l’ombre
2017
Thomas Kruithof

Même si je suis passé à côté de sa sortie au cinéma, j’avais pas mal d’attentes autour de ce film qui semblait enfin faire un peu évoluer le paysage filmique français. La bande-annonce claquait pas mal, le casting alléchait et on sentait une ambiance stressante pour une histoire de complot de grande ampleur. Au passage pas bravo à ladite BA qui en montrait, avec le recul, beaucoup trop tant on y retrouve déjà toutes les révélations majeures, incluant même le dernier plan du film. Il y avait à la base de belles promesses, mais pas grand chose à l’arrivée.

Au chômage depuis deux ans à cause d’un petit problème d’alcool aujourd’hui derrière lui, Pastis Duval (François Cluzet) voyait enfin la lumière au bout du tunnel. Surgit de nulle part comme par magie tel un sauveur, un certain Clément (Denis Podalydès) va lui offrir sur un plateau un job en or, facile et payé royalement : plus de 6000 € par mois pour retranscrire sur papier des écoutes téléphoniques. À un tel tarif on ne cherche pas à savoir si c’est moral ou légal, ni même qui sont réellement ses employeurs. Jusqu’à la cassette numéro six tout du moins…

Dès la première séquence la logique du film laisse perplexe. Au pied du mur à cause d’un collègue branleur et d’employeurs lui demandant un dossier pour le lendemain matin, alors même qu’il n’était pas attendu avant longtemps et que rien n’avait été commencé, on le voit abattre seul un travail monstre une nuit durant. On le retrouve deux ans plus tard, apparemment licencié parce qu’il avait bu pour tenir le coup cette nuit-là. Et d’un coup d’un seul le voilà déclaré alcoolique. Était-ce quelque chose de récurant ? Faut-il être bourré pour être un bon employé consciencieux ? Quand on voit la suite, on se dit qu’il aurait mieux valut qu’il continue à boire. Si on trouve son poste amoral voir illégal, vouloir partir est stupide puisque quelqu’un prendra notre place derrière. Pour faire bouger les choses, il faut agir de l’intérieur, or le personnage principal ne fait que fuir ou subir ici. Pire, il ne semble pas comprendre le fonctionnement du monde et son comportement suicidaire va à l’encontre de ce qu’il dit. Et quand tout le monde fait n’importe quoi, même un commissaire de police (Sami Bouajila), on décroche. C’est dommage car le principe des écoutes téléphoniques avait un emballage très sophistiqué, soignant beaucoup son « où, quoi, comment » avec une belle idée de retournement. Le casting est aussi très bon et la musique  est excellente, participant grandement au ton pesant du film. C’est donc d’autant plus dommage quand la cohérence est constamment malmenée et que le fond déçoit.

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